Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №4/2007

Arts et culture

Franck Sorbier – l’artisan de la haute couture

« Le rôle des créateurs est d’apporter de la beauté »

Franck SORBIER

Après des débuts très remarqués chez Chantal Thomas et Thierry Mugler, Franck Sorbier présente sa première collection en 1987. Rappelez-vous la petite robe-fleur du Printemps, le boléro en ruban pour Dim … des petites merveilles de créativité ! Loin du cliché de créateur-star, Franck Sorbier aime avant tout créer de ses mains.

Franck Sorbier est aujourd’hui l’une des figures majeures de la haute couture à la française. Il se construit un univers poétique, pays imaginaire où des êtres gracieux évoluent au sein d’une nature bienfaisante. Franck Sorbier fait ses débuts aux côtés de grands noms de la mode, Chantal Thomas et Thierry Mugler, avant de lancer se première collection en 1987. 1994 est une année décisive, puisque la maison Cartier le charge de présenter sa collection automne-hiver 1995-1996. À l’issue de cette riche expérience, il devient membre de la Fédération française de la couture et du prêt-à-porter des couturiers et créateurs de mode, appuyé par le parrainage de Jean-Paul Gaultier et de Sonia Rykiel. Enfin, en 1999, il entre dans le prestigieux cercle de la haute couture, et présente sa première collection avec succès. Franck Sorbier continue de collaborer avec d’autres créateurs, comme le fourreur Yves Salomon ou le lunetier Vuarnet, et réalise des costumes de scènes, notamment pour Mylène Farmer. Authentiques, ses créations séduisent par leur originalité et leur lyrisme.

– La couture, était-ce un rêve d’enfant ?

– Oui et non. Il y a eu des périodes où j’en avais très envie et d’autres moins. Mais, à l’âge de 16-17 ans, j’ai eu une véritable révélation en voyant une publicité de Serge Lutens qui était à l’époque le directeur artistique du maquillage Dior. Elle représentait une femme avec des partitions de musique sur la tête. Pour moi, il y avait une véritable création artistique. J’ai su alors que ce que je voulais faire, c’était créer moi aussi et surtout réaliser des vêtements de mes mains.

– Pourquoi avoir choisi le thème du cirque pour votre dernière collection ?

– L’important était de rester dans l’univers du spectacle. J’avais créé des costumes pour l’opéra La Traviata ainsi que pour Mylène Farmer et Johnny Hallyday. J’aime tout cet univers un peu ludique, théâtral. Notre rôle est d’apporter de la beauté. Nous sommes un peu des enchanteurs de vie.

– Comment qualifieriez-vous votre style ?

– On dit qu’il est poétique. Pourtant, j’ai une idée de la femme plutôt classique. J’ai envie de mettre son corps en valeur et non pas de bousculer les formes. Je recherche la féminité mais avec un regard doux, sans agressivité.

– Vous avez réalisé des costumes pour Mylène Farmer, pour Johnny Hallyday et en même temps vous créez des modèles haute couture. Avez-vous la même démarche ?

– L’idée pour ces costumes était de faire de la couture pour le spectacle. La démarche à la base n’est pas la même car pour le spectacle, on s’attache au visuel et non pas au détail. Pour autant, je considère le détail comme étant très important. De plus, lorsque je crée une collection, je fais ce que je veux. Or, dans le cas des costumes de scène, il faut coller à la personnalité et aux goûts de ces artistes, tout en ne se reniant pas bien sûr ! Avec Mylène, j’ai travaillé 4 mois et j’ai réalisé les costumes pour toute sa troupe. Au total : 280 tenues ont été créées. Avec Johnny, ce fut plus court : 5 semaines. C’est un travail très enrichissant et intéressant dans lequel on rencontre beaucoup de monde. Et puis, on est là pour participer à une aventure, à une histoire.

– En 1987, il y avait 24 maisons de haute couture, en 2006 il n’y en a plus que 10. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

– La conjoncture est dure, c’est pourquoi, de nombreuses maisons disparaissent. Celles qui perdurent, ce sont celles qui sont soutenues par des gros groupes, qui ont des codes forts et/ou un créateur star. Il faut savoir aussi, qu’il y a de moins en moins de premières mains (couturières qualifiées) et de clientes. Aujourd’hui, les femmes qui s’habillent en couture le font pour certaines occasions alors qu’avant c’était tout le temps.

– Quel avenir voyez-vous pour la haute couture ?

– Elle va devoir se modifier. Pierre Bergé a dit qu’elle était morte. D’après moi, elle ne l’est pas, c’est juste qu’elle ne pourra plus être comme avant, qu’elle va devoir s’adapter, évoluer.

– Quel bilan faites-vous de vos 20 ans de métier ?

– Un bilan plutôt positif ! Je fais moi-même des pièces même si j’en fais de moins en moins car j’ai d’autres obligations. Je me sens plus artisan que star de la haute couture. Cela prend du temps de devenir grand. C’est une question de conjoncture mais aussi de tempérament. Je suis quelqu’un de très indépendant. Il y a des jeux auxquels je n’ai pas joué. Peut-être que si j’y avais joué, je saurais aller plus vite. Parfois, le prêt-à-porter me manque mais je n’en referai que si j’ai les moyens de faire quelque chose de bien. Et puis, il faut dire que la haute couture continue à fasciner que vous soyez une grande maison ou une petite alors que dans le prêt-à-porter, il y tellement de monde… Je suis donc satisfait de ce que j’ai fait jusqu’à présent.

– Est-on couturier toute sa vie ?

– Je crois que oui. Le jour où j’ai découvert la machine à coudre de ma grand-mère, j’ai su que ça me plairait. Je pense que ça serait dur de décrocher. En même temps, je me dis parfois que d’autres choses seraient intéressantes à faire comme peindre, par exemple. Mais on me dit que je suis fait pour ça.


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