Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №13/2007

Arts et culture

Erik Orsenna – écrivain de vocation

Après des études de philosophie et de sciences politiques, Erik Orsenna choisit l’économie. Il publie son premier roman en même temps qu’il devient docteur d’État et quitte l’Université pour entrer, en décembre 1985, au Conseil d’État. Et c’est en 2001 qu’il bouleverse le monde littéraire avec son œuvre – La grammaire est une chanson douce.

Erik Orsenna est né à Paris, le 22 mars 1947 (de son vrai nom Erik Arnoult), d’une famille où l’on trouve des banquiers saumurois, des paysans luxembourgeois et une papetière cubaine. Après des études de philosophie et de sciences politiques, il choisit l’économie. De retour d’Angleterre, il publie son premier roman en même temps qu’il devient docteur d’État. Il prends pour pseudonyme Orsenna, le nom de la vieille ville du Rivage des Syrtes, de Julien Gracq.

Suivent onze années de recherche et d’enseignement dans le domaine de la finance internationale et de l’économie du développement. En 1981, Jean-Pierre Cot, ministre de la Coopération, l’appelle à son cabinet. Il s’y occupait des matières premières et des négociations multilatérales. Deux ans plus tard, il rejoint l’Élysée en tant que conseiller culturel. Dans les années 1990, auprès de Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères, il traitait de la démocratisation en Afrique et des relations entre l’Europe du Sud et le Maghreb. Entre-temps, il a quitté l’Université pour entrer, en décembre 1985, au Conseil d’État.

Il a toujours voulu avoir un autre métier que l’écriture, d’abord pour être libre de donner le temps qu’il faut au livre. Le livre doit être le lieu de la liberté. Il écrit chaque matin, pendant deux heures. Restent vingt-deux heures, largement de quoi s’occuper.

Parallèlement à ses activités administratives, il écrit sept romans, dont La Vie comme à Lausanne, prix Roger Nimier 1978, et L’Exposition coloniale, prix Goncourt 1988. Il a été élu, le 28 mai 1998, à l’Académie française, au fauteuil de Jacques-Yves Cousteau (17ème fauteuil).

En plus de l’écriture, les voyages, la mer et la musique tiennent une place essentielle dans sa vie et dans ses livres. Ces passions, il les doit beaucoup à ma famille.

Sa mère m’a donné la passion des histoires et de la langue française.

Son père, dont la famille avait une maison sur l’île de Bréhat, lui a enseigné la mer, les marées, les bateaux, les voyages au loin. Erik Orsenna préside d’ailleurs le Centre de la Mer (Corderie royale, à Rochefort).

Il entendait, de l’autre côté du mur, son frère répéter inlassablement ses exercices de guitare. Et son grand-père, qui lui parlait de leurs ascendances cubaines, esquissait de temps à autre, en dépit de sa corpulence, des pas de salsa.

La grammaire est une chanson douce

« Depuis toujours, j’aime de passion la grammaire, toutes les grammaires, toutes les grilles et tous les codes enfouis sous la poussière du temps », écrit Erik Orsenna. « Mais c’est la colère qui m’a poussé à écrire. Une colère de papa : je ne comprenais plus les questions posées en classe de français à mes enfants. Un jargon inconnu de moi leur était tombé sur la tête, comme par exemple la «focalisation omnisciente». Pourquoi ces complications inutiles ? Les enfants de sixième ou de cinquième ne doivent pas être des linguistes ! Ils doivent seulement savoir lire et écrire. Et aussi apprendre à savourer la langue, à y trouver des surprises, des ravissements. »

L’œuvre

Jeanne, dix ans, voyage beaucoup avec son frère aîné Thomas, quatorze ans. Leurs parents, divorcés, vivent chacun d’un côté de l’Atlantique. Un jour qu’ils se rendent en Amérique, le frère et la sœur sont pris dans une tempête inouïe ; leur bateau fait naufrage. Seuls rescapés, Jeanne et Thomas échouent miraculeusement sur une île inconnue. C’est alors qu’ils réalisent qu’ils sont devenus muets, privés de mots : ils ne peuvent plus parler ! Accueillis par Monsieur Henri, un musicien poète et charmeur, ils vont découvrir un territoire magique, où les mots sont des êtres vivants, où ils ont leur ville, leurs maisons, leur mairie et leur… hôpital ! Une promenade à laquelle Jeanne vous convie.

(extrait)

Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : Je t’aime.

Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps.

Il me sembla qu’elle nous souriait, la petite phrase.

Il me sembla qu’elle nous parlait :

– Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.

– Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pieds.

Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.

Tout le monde dit et répète « Je t’aime ». Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver.

(d’après le site http://www.erik-orsenna.com)

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