Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №18/2007

Arts et culture

STÉPHANIE

Des cornichons au chocolat

(extraits)

(Suite. Voir N° 12, 13, 15, 17/2007)

Un rêve


Cette nuit-là, j’ai fait toute une série de rêves.

Dans mon dernier rêve, juste avant de me réveiller, j’étais fermière en Amérique aux États-Unis, c’est un rêve que je fais assez souvent. Ça se passe pas à la Ferme comme quand on parle du Lycée, mais dans une vraie ferme, c’est un vrai endroit dans la campagne avec des vaches et des granges blanches et des toits rouges et il y a du blé jaune tout autour et toute la journée on s’occupe des animaux et des légumes et c’est moi qui dirige tout ça. Avec moi il y a une autre fille c’est une Américaine, je la connais pas dans la vie réelle, et dans mon rêve elle a pas de visage et on travaille ensemble, on peut dire qu’on est des Associées. Tout le monde porte des tabliers et des sabots, ce qui n’empêche pas qu’on conduit des camions, pas des camions très gros, des camionnettes plutôt, et qu’on est super-équipés. Il y a une cuisine qui ressemble à un laboratoire tellement elle est propre et moderne et blanche, ça brille de partout, il y a toujours du lait et des fruits sur la table, on mange des corn-flakes et des œufs avec du jambon qui fume et on fait beaucoup de gâteaux et de tartes, on achète rien à la ville ; d’ailleurs il n’y a pas de ville. Tout autour de la ferme, il y a que des champs jaunes.

Évidemment il y a des chevaux mais je ne monte pas dessus et personne, mais ils sont toute la journée dans les champs et ils courent autour des granges blanches aux toits rouges. On leur parle, ils viennent vous lécher l’assiette par la fenêtre de la cuisine, et on est très bien comme sensation. Dans ce rêve-là il ne s’est rien passé, je me suis réveillée de bonne humeur, c’est mon rêve préféré et d’ailleurs, c’est mon vrai but dans la vie réelle, c’est d’être fermière en Amérique aux États-Unis.

Les copines

Les autres filles, elles veulent toutes être chanteuses de rock ou faire du cinéma ou faire de la télé ou faire du journalisme ou être mannequin ou être actrice ou être championne de tennis ou de ski nautique ou même de moto, et tout ça à mon avis çà veut dire qu’elles veulent surtout avoir leur photo sur la couverture des journaux, elles veulent pas être des artistes, elles veulent être célèbres, c’est pas pareil. La majorité, elles veulent être chanteuses, pas spécialement de rock mais elles veulent chanter. Moi quand elles me demandent ce que je ferai plus tard, je réponds être fermière en Amérique aux États-Unis je trouve que c’est plus intéressant comme métier. Au début, je répondais comme elles parce que je ne voulais pas être différente et avoir des ennuis – dès qu’on est pas pareil, on a des ennuis, – mais récemment je leur ai dit la vérité et que ça m’intéresse absolument pas de poser pour des magazines à la con où ils vous font toujours raconter votre vie et c’est toujours la même chose et que franchement chanter des conneries incompréhensibles pour que les parents dansent dessus, déguisés en clowns à la mode, ça me semble pas être un But Intéressant Dans l’Existence. Je trouve même ça parfaitement odieux. Alors elles m’ont dit, Stéphanie t’es une snob prétentieuse crâneuse ; alors je leur ai dit qu’elles étaient des petites connes. Des fois avec mes copines, j’ai des rapports difficiles mais ça s’arrange après, parce que comme dit Valérie, même si on la voit moins souvent qu’autrefois depuis qu’elle sort avec un garçon, « on a toutes le même ennemi commun ». Ce qu’elle veut dire c’est que la vraie guerre, c’est pas entre nous mêmes. La vraie guerre, c’est entre les Gens Âgés et nous.

Les parents

À la sortie de mes rêves j’étais bien. Je me suis réveillée de bonne humeur, parce que quand je termine toute ma série des rêves de la nuit par celui de la ferme en Amérique aux États-Unis, ça me met de bonne humeur pour toute la journée. Je veux dire que dans ces moments-là je suis prête à tout recevoir dans la gueule, c’est pas grave, puisque je suis encore là-bas dans les champs avec mon Associée dont je ne connais pas le visage et avec les chevaux, et ça peut parfois me permettre de passer toute une journée sans drame international, comme dit l’Autre. Dans ce cas-là, comme je suis là-bas, ça doit se voir sur ma tête et alors mon père me dit : « À quoi tu penses, où tu es ? »

Et ma mère me dit : « Pourquoi tu réponds pas quand on te parle ? Elle répond jamais quand on lui parle ! T’as les yeux ailleurs, hou hou ! »

Elle agite sa main devant mes yeux en faisant hou ! hou ! c’est à peu près la seule fois où elle essaie de faire de l’humour avec moi et elle sourit. Comme elle fait un gros effort, je suppose que je devrais en faire un aussi, mais je n’y arrive pas, il doit y avoir trop de trucs désagréables entre nous maintenant, chaque fois que je veux faire l’effort d’être aimable, quelque chose m’en empêche parce que je lui en veux pour tout ce qu’elle m’a dit et qu’elle m’a fait avant. À mon avis, entre ma mère et moi c’est pas réparable. Mon père, ça va un peu moins mal parce que je le vois moins souvent et qu’il crie moins fort mais avec lui aussi je me sens séparée de tête et de cœur. Ce que je ne comprends pas c’est qu’en même temps je voudrais tellement qu’ils m’aiment tous les deux et qu’ils ne me fassent pas honte quand ils s’habillent et quand ils se comportent comme des Êtres Humains Ridicules. L’Autre me dit que ça fait partie de mes contradictions internes.


Fiche pédagogique

par Tatiana JELEZNIAKOVA,
professeur de français école n°1286


Vocabulaire

grange (f) – крытое гумно, рига
blé (m) – пшеница
diriger – руководить
un Associé – товарищ, компаньон (в деле)
tablier (m) – фартук
corn-flakes (m) – корнфлекс, кукурузные хлопья
fumer – дымиться
d’ailleurs – к тому же, впрочем
il y a que... – есть только
évidemment – очевидно, явно
lécher – лизать
ski nautique (m) – водные лыжи
majorité (f) – большинство
métier (m) – профессия, ремесло
des ennuis (m) – неприятности
pareil – подобный, похожий
récemment – недавно
poser pour – позировать для
à la con – дурацкий
con (m) – придурок
connerie (f) – глупость
franchement – откровенно, смело, свободно
incompréhensible – непонятный
déguisé – переодетый, ряженый
odieux, -se – гнусный, отвратительный
un snob – сноб (человек, претендующий на особую изысканность своих манер, вкуса и смотрящий свысока на других)
prétentieux, -se – претенциозный
crâneur, -se – хвастун
s’arranger – налаживаться
de bonne humeur – в хорошем настроении
tout recevoir dans la gueule – (разг.) зд. все выдержать
dans ce cas-là – в этом случае
ailleurs – где-то в другом месте
agiter la main – махать рукой
supposer – предполагать
en vouloir à qn – сердиться на кого-либо
pas réparable – непоправимо
séparé – отдельный, разделенный
faire honte – внушать стыд
se comporter – вести себя
contradiction (f) – противоречие
interne – внутренний

QUESTIONS

Un rêve
1. Stéphanie, qu’est-ce qu’elle aime voir dans ses rêves ?
2. De quelle Ferme s’agit-il cette fois-ci ?
3. Décrivez la ferme dont rêve la jeune fille.
4. Ce rêve, qu’est-ce qu’il nous dit du monde intérieur de Stéphanie ?

Les copines
1. Les autres filles, de quels métiers rêvent-elles ?
2. Stéphanie, comment explique-t-elle la cause de leurs rêves?
3. Stéphanie, pourquoi elle ne veut pas être chanteuse ou mannequin ?
4. « Dès qu’on est pas pareil, on a des ennuis ». Êtes-vous d’accord avec Stéphanie ? Pourquoi ?
5. Pourquoi Stéphanie, a-t-elle parfois des rapports difficiles avec ses copines ?
6. Et quant à vous, comment sont vos rapports avec les copains ? Quels en sont les problèmes ? S’arrangent-ils facilement ?
7. Pourquoi y a-t-il la guerre entre les Gens Agés et les adolescents ?

Les parents
1. Comment le rêve de Stéphanie l’aide-t-il à vivre?
2. Cette vie est difficile, n’est-ce pas ? Où en sont les problèmes ?
3. Stéphanie n’est pas contente de ses parents. Pourquoi ? Qu’est-ce qui ne lui plaît pas dans leurs habitudes, dans leurs relations, dans leur conduite envers elle ?
4. L’Autre est toujours présent dans la vie de Stéphanie. Prouvez-le.

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