Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №20/2007

Arts et culture

Arts plastiques

Aujourd’hui, il n’existe presque plus de « pures » artistes-peintres. Un artiste-peintre se doit de maîtriser des techniques très différentes de l’expression créative : il doit être à la fois peintre, sculpteur, graphiste, il doit savoir évoquer l’espace créative à l’aide des installations et s’y connaître dans l’art de performance. Ce sont ces plusieurs types d’art qui sont connus aujourd’hui sous le nom des arts plastiques. Sont passés les temps quand l’huile, l’aquarelle, le toile et les pinceaux étaient les seuls outils d’un artiste-peintre. La France contemporaine ne fait pas l’exception.

Comme les œuvres d’un certain nombre d’artistes d’Europe centrale, orientale ou du nord, les œuvres que l’on voit dans les galeries, les centres d’art ou les musées français, donnent fréquemment aux endroits qui les abritent des allures d’asiles dont les protagonistes expriment « en réalité » le malaise de leur entourage. Les plasticiens français modernes, via des performances, des installations ou des photographies, mettent en scène la confusion des usages entre les corps et les objets. Les uns donnent du corps une image faible et volontairement dépréciée, d’autres avec une impudeur manifeste disent la difficulté de communiquer, d’autres encore collent au plus près des petits détails de la vie d’autrui, ou mettent le spectateur en situation de surveiller, comme à travers le judas d’une porte de prison. On n’en finit pas de recenser les comportements étranges, parfois à la limite du supportable. Dans la plupart de ces « cas » on peut reconnaître quelque chose de la leçon bien comprise de quelques aînés, qui avaient déjà dit la vérité sur les névroses de leur temps et sur le malaise entretenu dans la civilisation par toutes sortes d’institutions comme l’école, l’hôpital ou la religion.

Pierre Soulages (1919)

Un des « monstres » des arts plastiques français, Pierre Soulages, dès son plus jeune âge, est fasciné par les vieilles pierres, les matériaux patinés et érodés par le temps, l’artisanat de son pays du Rouergue et ses âpres paysages, particulièrement les Causses. Il a tout juste huit ans lorsqu’il répond à une amie de sa sœur aînée qui lui demande ce qu’il est en train de dessiner à l’encre sur une feuille blanche : un paysage de neige. « Ce que je voulais faire avec mon encre, dit-il, c’était rendre le blanc du papier encore plus blanc, plus lumineux, comme la neige. C’est du moins l’explication que j’en donne maintenant. »

Sa peinture proche du style abstrait d’Hans Hartung avec une palette restreinte dont les effets de clair-obscur sont perceptibles y compris en transparence. Ses tableaux font beaucoup appel aussi à des mini-reliefs, des entailles, des sillons dans la matière noire qui créent à la fois des jeux de lumière et de... couleurs. Car ce n’est pas la couleur noire elle-même qui est le sujet de son travail, mais bien la lumière qu’elle révèle et organise : il s’agit donc d’atteindre un au-delà du noir, d’où le terme d’outre-noir utilisé pour qualifier ses tableaux depuis la fin des années 1970.

Depuis peu, d’autres œuvres sont apparues où rythme, espace et lumière naissent des contacts violents du noir et du blanc sur l’entière surface de la toile.

Daniel Buren (1938)

Buren aborde de nombreuses techniques telles que le film, la vidéo et le son. Il oriente dès les années 1960 son travail vers une économie des moyens artistiques.

Comme il est théoricien de son propre travail, il accompagne ses installations d’un descriptif et de notes explicatives.

Il utilise les bandes alternées blanches et colorées comme « outil visuel », explorant les potentialités de ce motif en tant que signe. Le choix de différents supports (tissu pré rayé, papier spécialement imprimé, verre peint, verre gravé, miroir, bois, pierre, plastique transparent, métal, peinture) et le passage de la surface plane à la troisième dimension. Buren s’affranchit du cadre imposé au tableau et aux cimaises. Ce glissement de la peinture au papier peint et à l’affiche lui permet d’intervenir n’importe où.

Dans son travail, il s’intéresse aux liens entre architecture et art. Il développe un travail plus tridimensionnel et une conception de l’œuvre qui n’est plus objet, mais modulation dans l’espace. Constructions et déconstructions se mêlent dans ses Cabanes Éclatées.

Annette Messager (1943)

Elle est représentative d’un art du quotidien mêlant réalisme et fantastique, et depuis ses débuts dans les années 1970, « essaie de voir s’il y a quelque chose à montrer » dans le domaine de l’art au féminin et met en scène de façon ironique la condition féminine.

Les travaux d’Annette Messager sont structurés par différents projets aux appellations ironiques, conçus comme autant de facettes de la plasticienne, et qui s’ajoutent les uns aux autres sans qu’il soit évident de les dissocier.

Influencé par le surréalisme d’André Breton et par le féminisme dans le contexte des années 1970, son travail s’inscrit dans le courant dit des « mythologies individuelles », qui marque un regain d’intérêt pour l’autobiographie et la narration. Il explore parallèlement l’ambivalence de l’enfance, le rapport magique au monde, le fantasme et le fantastique tout en conservant une proximité avec l’art populaire.

L’œuvre en général se caractérise par l’emploi de matériaux qui appartiennent à l’art pauvre : peluches, morceaux de tissus, crayons de couleur, traversins, etc. Des objets modestes et familiers avec lesquels l’artiste confectionne des structures relevant du talisman, de la relique, dans une optique qui se veut à la fois protectrice et inquiétante.

Elle utilise aussi des animaux empaillés, des morceaux de tissus et en fait des hybrides mi-hommes et mi-bêtes.

La violence de certaines des travaux d’Annette Messager fut décriée (Les Enfants aux yeux rayés, en 1971-1972, photographies noir et blanc barrées au stylo bille de très jeunes enfants, ainsi symboliquement « tués »). Depuis quelques années, Messager investit des domaines plus larges et des préoccupations du monde contemporain telles que la vache folle ou la procréation artificielle.

Philippe Cazal (1948)

À ses débuts, Philippe Cazal réalise des assemblages d’objets issus de la société de consommation. En 1975, il est l’un des fondateurs du groupe Untel avec lequel il travaille sur la vie quotidienne en milieu urbain. L’artiste met en scène affiches, photos, journaux, annonces publicitaires, sons et objets. L’ensemble exprime une critique de la société.

En 1975, il se présente comme un « artiste publicitaire », transforme son nom en logo et développe son image de marque en utilisant cyniquement les codes de l’univers du marketing et de la publicité.

Quelques années plus tard, il oriente son travail vers une réflexion sur les relations entre texte et image via les slogans, les mots-images, ou la sérigraphie.

Le groupe Untel formé de trois artistes (Jean-Paul Albinet, Philippe Cazal et Alain Snyers) a réalisé de nombreuses actions dans l’espace public : reconstitution au Grand Palais du Déjeuner sur l’herbe d’après Manet à l’occasion du Salon des artistes français, simili-défilé de mode au Louvre en costume de « touriste ».

Claude Lévêque (1953)

On peut noter ses œuvres importantes comme Ende ou encore Le Meilleur des mondes, Let’s Dance ou Reconstruire la fenêtre.

Claude Lévèque privilégie le travail in situ, bien qu’il ait souvent travaillé sur le terrain des objets, ses choix se penchent vers la création d’espaces et d’atmosphères. L’outil privilégié de l’artiste reste l’environnement quotidien. À travers des installations l’artiste recherche à voir, regarder le réel autrement... Pour La Maison des mensonges qu’il expose au Musée d’art contemporain de Marseille (2006), il n’hésite pas à se balader chez des détaillants de mobilier comme IKEA pour découvrir des objets qu’il utilise tel quel dans les atmosphères qu’il crée.

Dans le cadre de l’exposition « Walt Disney » au Grand Palais de Paris, (en 2006), l’une de ses œuvres a été refusée car jugée « irresponsable ». Cette œuvre associe un Mickey Mouse en tubes de néons avec la phrase « Arbeit macht frei », telle qu’elle fût inscrite par les nazis à l’entrée du camp de concentration d’Auschwitz.

Alain Séchas (1955)

Les créatures d’Alain Séchas ont la peau verte et les antennes tendues ; un sourire amusé éclaire leur visage félin. Des objets volants non identifiés traversent nos références familières, visitant avec humour nos monuments artistiques et culturels.

Dans sa série de toiles (Barnett, Diane et Gaby, Constantin, Jackson) on reconnaît les motifs emblématiques désignés : les grands aplats de couleurs de Newman rythmés par des bandes verticales, la posture étrange du couple de l’École de Fontainebleau, la colonne élancée de Brancusi, les jets de peinture de Pollock. Les grandes figures de nos musées sont ici désignées par leur prénom, comme de vieilles connaissances auxquelles Alain Séchas ferait une bonne blague.

S’il est un geste qui anime d’un seul trait le travail d’Alain Séchas, c’est celui de l’humour.

La colonne sans fin fait signe d’atterrir à une légion de soucoupes volantes, alertées par cette hauteur énigmatique. Le fameux chat arrache le scotch de la toile de Barnett, et asperge la surface de Pollock. Ces gestes radicaux de l’expressionnisme abstrait sont reproduits à la manière d’Alain Séchas.

Peintre, Alain Séchas travaille à la manière d’un dessinateur de bandes dessinées.

Dessinateur de bandes dessinées, Alain Séchas travaille à la manière d’un peintre.

Tour à tour sculpteur, peintre, dessinateur, il anime ses œuvres d’un mouvement en perpétuelle évolution. Des peintures en bande dessinée aux tableaux de néons animés, une même recherche de mouvement l’entraîne sans cesse vers de nouvelles formes.

Robert Combas (1957)

Robert Combas est l’instigateur de la « Figuration Libre ». Sa peinture fait référence à la culture populaire et à la musique rock. Les thèmes en sont la vie des gens, la sexualité, la violence. D’une certaine façon, sa peinture peut se rapprocher des artistes graffitistes. Elle s’inspire du rock dont l’artiste est un fin amateur, des images populaires, des livres d’enfance, des manuels scolaires de tout ce qui fait une culture populaire accessible à tous.

Philippe Cognée (1957)

La technique de Philippe Cognée lui est particulière : elle est basée sur la photo, vidéo, peinture, projection et l’effet d’arrachage produit à l’aide de la cire. Il s’inspire de vues familières et banales puisées dans son environnement géographique ou personnel (architectures, containers, objets, foules...). Avec sa technique la banalité quotidienne devient mystère, en perdant le sujet dans le flou. Il offre ainsi une vision du monde à reconstruire à partir de la banalité. Ainsi, un de ses sujets préférés est l’architecture : des monuments et paysages urbains disloqués, déstructurés et transformés, épousant les formes du regard personnel de l’artiste. Depuis 2006, Philippe Cognée exploite un nouveau gisement d’images : les clichés par satellite sur Internet : « Les images de villes que montre Google Earth sont inimaginables puisque ce sont des vues prises par satellite : on peut jouer à en saisir des plans très rapprochés vraiment impressionnants qui frisent l’abstraction. »

Pierrick Sorin (1960)

C’est un plasticien et vidéaste, adepte de l’auto filmage et aussi des personnages de fictions incarnés par sa propre personne. On retrouve dans ses films tous les ingrédients classiques du divertissement : le déguisement, le comique de répétition et le gag de music-hall, ce qui les rends d’autant plus familiers et accessible pour le spectateur. Néanmoins, il faut aussi y voir de l’ironie et de la dérision, qui vise à interroger tantôt le fonctionnement de l’être humain, tantôt l’art et le travail des artistes.

Fabrice Hyber (1961)

Artiste de renommée internationale, Fabrice Hyber intervient dans des domaines et sur des supports très divers. Présent depuis une vingtaine d’années sur la scène artistique internationale, il procède par accumulations, proliférations, hybridations et opère de constants glissements entre les domaines du dessin, de la peinture, de la sculpture, de l’installation, de la vidéo mais aussi de l’entreprise et du commerce. Il utilise aussi toutes sortes de matériaux et de techniques n’appartenant pas au champ artistique traditionnel.

Avec Mutation, il montre pour la première fois un ensemble de tableaux associant les techniques de la peinture à l’huile et du collage d’objets où apparaissent des êtres exceptionnels (danseuse, acrobate, aviateur, etc.) ainsi que des créatures imaginaires (homme à six doigts, sirène, monstres, etc.). En 1991, il cherche à se faire connaître. Il crée alors le plus gros savon du monde, il sera produit lors de la Biennale de Lyon, puis fera le tour de France dans les Centres Leclerc. Son savon pèse 22 tonnes et était alors entré au Guinness des records. Dès lors il est reconnu et il commence à exposer à l’étranger. Le 10 mai 2007, une de ses œuvres est inaugurée par le Président de la République Jacques Chirac à l’occasion de la deuxième journée commémorative du souvenir de l’esclavage et de son abolition. Située dans le jardin du Luxembourg, à Paris, Le Cri, L’Ecrit se compose de trois maillons d’une chaîne, dont le premier, planté en terre symbolise les racines, tandis que le dernier, ouvert, se tend vers le ciel.

Pierre Huyghe (1962)

Il a été un des cofondateurs du collectif des Frères Ripoulin (composé de Nina Childress, Bla+Bla+Bla, Claude Closky, Manhu, Ox, Stéphane Trois Carrés et Jean Faucheur).

À partir des années 1990, Pierre Huyghe développe un œuvre toute à la fois personnel et cohérent. Après avoir réalisé des photos et des affiches, il use également de la vidéo et des installations. Parmi ses thèmes de prédilection : le cinéma (perçu comme une réserve d’images et d’histoires), la réversibilité spatio-temporelle, le déplacement. Ses œuvres interrogent les rapports étroits et ambigus entre réel et fiction ; cela sur le mode de la reprise ou du remake.

En 1995, Pierre Huyghe crée l’Association des Temps Libérés.

En 1999, Pierre Huyghe et Philippe Parreno achètent le copyright d’Ann Lee – un personnage numérique de manga japonais – pour la somme de deux mille huit cents francs. En 2000, Pierre Huyghe exploite l’avatar dans Two minutes out of time et lui donne une véritable histoire. Après avoir présenté une photo d’Ann Lee à des enfants de neuf ans réunis dans une cour d’école américaine à Paris et leur avoir posé la question «D’après-vous, qu’est-il arrivé à ce personnage ? », l’artiste exploite les propos d’une jeune fille pour obtenir la voix de son personnage.

Pierre Huyghe a reçu de prestigieuses récompenses. En 2001, il se voit décerner le prix Spécial par le jury de la biennale de Venise, en 2002, son travail est récompensé par le prix Hugo Boss et, en 2005, le magazine Beaux-Arts le proclame meilleur artiste français de l’année.

Pierre Bismuth (1963)

Décrire les effets de la prolifération des images sur la vie quotidienne, démontrer l’emprise des codes commerciaux et publicitaires sur l’imaginaire, signifier les discriminations sous-jacentes aux formes du banal définissent les enjeux essentiels du travail de Pierre Bismuth.

Les premiers travaux de P. Bismuth sont pour ainsi dire des jeux de langage : un prénom est reproduit sur une toile (Marc), de même qu’un nom de jour (Mercredi) ou deux termes injurieux (Salope / Pédé). Avec Voyageur, il transcrit des verbes d’un patois de la banlieue parisienne accompagnés de leur traduction (chourave / voler, griave / manger, pachave / dormir, marave / dormir, boulave / baiser). Ces travaux reportent le spectateur à l’usage du langage, à ses effets particularisants ou dépersonnalisants, aux discriminations qu’il produit dans le champ social.

Bismuth a aussi des relations avec le monde du cinéma : Oscar du meilleur scénario en 2005 avec Michel Gondry et Charlie Kaufman pour le film Eternal Sunshine of the Spotless Mind. En 1999, il fait un film Quelques comédiens au milieu de quelques acteurs où il a demandé à quelques comédiens de se placer dans la Galerie de la Reine à Bruxelles parmi les passants, les flâneurs, les consommateurs et les touristes. Au spectateur de deviner alors qui joue et qui ne joue pas, quels sont les comportements reproduits et donc distanciés, quels sont les formes et les effets de représentation mis en œuvre.

Claude Closky (1963)

Son œuvre actuelle est bien différente et couvre presque tous les domaines des arts plastiques, depuis le dessin et la peinture jusqu’aux sites Internet ou à la création de papiers peints en passant par la photographie.

À première vue, Claude Closky est un artiste qui joue avec l’immatérialité. Il est à l’aise avec les supports électroniques, et certains objets qu’il fabrique ne se donnent pas à voir immédiatement. Par ailleurs l’œuvre de Closky n’en est pas moins concernée par sa spécificité matérielle, son degré de visibilité, et la manière dont elle occupe l’espace.

Une de ses autres caractéristiques est le goût de l’accumulation et des classements rationalisés jusqu’à l’absurde : Les 1000 premiers nombres classés par ordre alphabétique, par exemple, ou encore Tableaux comparatifs. Closky simplifie la grammaire des choses qui nous environnent et les fait apparaître comme les mots d’une langue invisible et muette.

Philippe Parreno (1964)

Comme nombre d’artistes de sa génération, il travaille particulièrement à partir d’un univers cinématographique ou télévisuel, en tout cas du monde du spectacle. Les codes cinématographiques, la narration, la temporalité, ont été des questions récurrentes chez Philippe Parreno, qui n’a cessé de se renouveler dans ses approches et élaborations de projets.

Philippe Parreno travaille beaucoup sur le décalage entre les différentes formes de représentation des images, entre réalité et fiction, à la frontière des deux… Comme pour mettre en tension ces deux possibles, et mieux détourner leur sens caché.

Il réalise en 2004, en collaboration avec un plasticien anglais, Douglas Gordon, un film en temps réel d’un match de football à travers le portrait de l’icone du football mondiale Zinedine Zidane. Le film porte le même nom : Zidane, un portrait du XXIe siècle. Un film qui ne cadre exclusivement que les moindres faits et gestes du joueur, tout au long d’un match de championnat avec le Real Madrid, au stade Santiago Barnabeu. Un moment de pure poésie, bien loin du terrain tel qu’on en a l’habitude, bien loin du ballon rond et des tacles glissés…

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