Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №3/2008

Arts et culture

Véronique VOVDENKO

Annie Assouline : « Mains d’écrivains »

Le 8 novembre 2007 dans le Hall d’expositions de la Bibliothèque de la littérature étrangère à Moscou a eu lieu l’inauguration d’une exposition bien insolite. C’était les « Mains d’écrivains » par Annie Assouline.

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Annie Assouline est photographe de presse. Elle est née en 1956 à Colomb-Béchar en Algérie. Elle a commencé la photographie à L’Événement du jeudi en 1984 et a participé à la création de Marianne en 1997 où elle collabore toujours. Elle travaille également pour l’agence Opale. Depuis plusieurs années Annie Assouline réalise de nombreux « portraits » des mains d’écrivains. Ce n’est pas son premier travail consacré aux mains. Dans une série précédente elle a fait voir les mains d’ouvriers. Elle considère les mains comme quelque chose de très intime qui peut trahir le caractère et le mode de vie de son maître. Les écrivains sont des personnes extraordinaires qui possèdent une riche personnalité, une grande expérience de la vie spirituelle. C’est pourquoi Annie Assouline s’est posé une question : « Les mains d’écrivains, que vont-elles raconter ? »

Dans le cadre de l’exposition on pouvait voir les mains de soixante-dix écrivains comme Claude Lévi-Strauss, Jürgen Habermas, Emmanuel Levinas, Françoise Sagan, Philippe Sollers et beaucoup d’autres.

J’ai réussi à parler à Annie Assouline et à lui poser quelques questions:

Img2– Pourquoi avez-vous commencé à photographier les mains ? Comment l’idée de photographier les mains d’ouvriers est-elle née ?

– Un jour je me suis trouvée dans une usine en France. J’étais photographe de presse et je devais montrer des photos de cette usine. Mais je ne savais pas comment le faire, je n’avais pas l’idée. Il faut toujours trouver des idées pour que les gens ne tournent pas les pages du journal sans s’arrêter sur vos photos. J’ai eu cette idée lorsque j’ai vu que les ouvriers qui travaillaient dans cette usine avaient beaucoup de mal à protéger leurs mains parce que c’était une usine où l’huile coulait sur leurs mains. Et à les voir avec des chiffons autour de leurs mains, ça m’a bouleversé. Donc j’ai photographié leurs mains et c’était très fort comme image parce que tout à coup ça laissait dire des choses sur leur existence, sur leurs conditions de vie, sur ce que c’est que le monde des ouvriers.

– Et qu’est-ce qui vous a inspiré à photographier les mains des écrivains ?

– Mon envie de transmettre mon amour pour les livres, je crois. Je voudrais rappeler que les écrivains ce sont les artisans, ils sont comme les gens qui construisent les sculptures en bois, etc. Et puis, c’est vrai que les mains c’est quelque chose d’assez intime. Je voudrais que les gens soient surpris et que ça les engage à aller plus loin et lire des livres. C’est le but quand même, de lire des livres.

Img3– Quelles étaient les difficultés de ce travail ?

– Mais c’était ce que c’était un peu original. Quand vous photographiez les mains il faut essayer de trouver la force. C’est très compliqué de photographier. Par contre, on a l’impression que c’est facile. Mais au fond, donner une image qui corresponde à ce qui est un être humain, et même sa main, et même son pied, son œil, son doigt, c’est extrêmement complexe parce qu’il y a une profondeur, il y a une histoire de la personnalité qui apparaît sur cette image ou non.

– Comment avez-vous choisi les modèles pour vos photos ?

– Mais ça dépend. C’est le hasard. D’abord j’ai beaucoup d’amis qui sont écrivains. Puis en fonction de ce que j’ai lu, aussi de l’actualité littéraire. C’est un mélange de plein de choses.

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– Mais quels écrivains vous intéressaient le plus ?

– Il y a des écrivains qui sont des amis intimes, il y a ceux que je ne connais pas, il y a d’autres que j’admire. Par exemple, photographier Lévi-Strauss, je peux vous dire c’est quelque chose... Pour moi, il incarne l’intelligence, un grand sens de liberté, une immense élégance.

– Comment avez-vous décidé de devenir photographe ?

– Oh, non, je ne l’ai pas décidé! J’ai commencé à travailler par hasard dans la presse. Dans le journal où je travaillais le photographe est tombé malade. Cela n’intéressait personne. Il m’a prêté son appareil photo. J’ai fait des photos horribles. Je continuais à photographier. Peu à peu mes photos devenaient moins horribles. Et un jour je suis devenue une bonne photographe. J’espère.

– Je vous ai entendu parler de votre amour pour la littérature russe. Quels sont vos livres préférés ?

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– Je suis très classique. Je ne connais pas bien la littérature d’aujourd’hui. Ce sont Tolstoï, Dostoïevski, Chalamov. J’ai lu tout ce qui concernait la dissidence. Pour moi c’était une manière de reconsidérer la Russie, l’Union Soviétique à l’époque. J’aime beaucoup la littérature russe, c’est important pour moi, cela me permet de comprendre un peu ce pays qui est assez étrange.

– Quels sont vos projets pour l’avenir ?

– Ce ne sont pas les pieds, j’en suis sûre. Mais je vais continuer. Aujourd’hui je n’ai pas de grands projets. Voilà, c’est une exposition qui tourne pas mal. J’irai au Japon. Au Japon j’ai un projet un peu différent, je vais agrandir cette exposition. Et puis, je travaille beaucoup à Paris.

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