Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №4/2008

Arts et culture

L’incroyable histoire vraie d’une rescapée de la Shoah

Un nouveau film est réalisé par Véra Belmont d’après une histoire vraie de Misha Defonseca, âgée aujourd’hui de 74 ans, qui a traversé l’Europe à la recherche de ses parents, déportés par les nazis. Seule et protégée par les loups.

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Survivre avec les loups, drame de Véra Belmont avec Mathilde Goffart, Yaël Abecassis, Guy Bedos, Michèle Bernier.

Juive russo-allemande, née en Belgique, Misha Defonseca est une rescapée de la Shoah au destin singulier. Partie de Bruxelles, sa ville natale, à la recherche de ses parents, déportés par les nazis, elle a traversé, seule, l’Europe et a été recueillie par des loups. Le récit autobiographique de son périple, Survivre avec les loups (Éditions XO), est porté à l’écran par Véra Belmont.

1941 : fille de Reuven (joué par Benno Fürmann), juif allemand, et de Gerusha (Yaël Abecassis), juive russe, Misha (Mathilde Goffart) a 7 ans lorsque ses parents sont déportés. Placée dans une famille qui la martyrise, elle trouve refuge chez Ernest (Guy Bedos) et Marthe (Michèle Bernier), de braves paysans qui sont arrêtés par la police française pour avoir réalisé de faux papiers. Seule, livrée à elle-même, Misha décide de partir vers l’est à la recherche de ses parents. Elle s’oriente à l’aide d’une petite boussole offerte par Ernest. Pendant quatre ans, elle va parcourir la Belgique, l’Alle­magne, la Pologne et arriver jusqu’en Ukraine. Elle vit dans les forêts, à l’abri de la fureur des hommes, volant de la nourriture et des vêtements sur son passage. Blessée, morte de froid et de malnutrition, elle est sauvée par un couple de loups qui l’intègrent à leur meute.

Misha Defonseca a aujourd’hui 74 ans. C’est une grande dame blonde aux yeux clairs, chaleureuse, toujours intrépide, le verbe haut, des bagues à tous les doigts et un rire cristallin. Émue, elle passe sa main dans la chevelure poil de carotte de Mathilde Goffart, la gamine belge qui l’incarne à l’écran. Guy Bedos, qui campe Ernest, le juste qui l’a recueilli enfant, vient la saluer avec respect. Elle sort alors une pochette en soie indienne dont elle extrait un minuscule coquillage : la fameuse boussole donnée par Ernest qui lui a permis de trouver l’Est et son chemin.

Exorciser ce drame

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« C’est mon plus précieux talisman, mon porte-bonheur, avoue Misha Defonseca. Sans cette petite boussole, je ne serais peut-être pas là pour voir mon histoire à l’écran. Véra Belmont a fait un travail d’adaptation admirable. Je me retrouve complètement dans le film. Mon côté “petit soldat” capable de s’adapter et de se débrouiller pour survivre, ma relation avec les loups, les enfants échappés des ghettos polonais rencontrés sur ma route, fusillés par les nazis, le jeune Russe qui m’a secouru en Ukraine… tout est rigoureusement exact. Véra Belmont a aussi trouvé un acteur allemand, Benno Fürmann, pour jouer le rôle de mon père, qui lui ressemblait étonnamment. »

Soixante ans plus tard, Misha Defonseca a exorcisé ce drame à travers son livre. Elle conserve toujours au fond d’elle-même les blessures du passé : « Lorsque je suis partie sur les routes, j’avais l’espoir que j’allais retrouver mes parents et qu’ils seraient fiers de moi, avoue-t-elle. J’ai ensuite poursuivi mon chemin pour ne pas les trahir. J’étais une révoltée, détestant l’injustice. Je n’ai jamais porté l’étoile jaune. Sans ce caractère insoumis, je n’aurais probablement pas pu aller au bout de ce voyage. »

À son arrivée en Ukraine, elle apprend que Bruxelles est libéré. Elle rentre en Belgique : « Seule, sans argent et sans parents, j’ai vécu dans la rue. Si, durant mon périple à travers l’Europe, je n’ai jamais été malade, je me suis tout de suite retrouvée à l’hôpital, atteinte de tous les maux. C’est là qu’Ernest, qui s’occupait des enfants des rues m’a retrouvée. Nous ne nous sommes plus quittés jusqu’à sa mort, un an plus tard. Devenue institutrice, je suis partie enseigner au Congo belge. Rentrée en Belgique, j’ai fait toutes sortes de petits boulots. En 1968, j’ai rencontré Maurice, mon mari. Après cinq ans passés en Hollande, je vivais toujours dans la crainte que le nazisme recommence. En 1985, mon mari et moi avons émigré aux États-Unis pour couper avec mon passé trop douloureux. »

Misha Defonseca vit à présent dans une petite maison au fond des bois, au milieu du Massachusetts, où elle élève toutes sortes d’animaux, des chats, des chiens, des putois, des renards, des coyotes, des crabes et des bernard-l’hermite dans un terrarium.

(d’après Le Figaro)

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