Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №15/2008

Les Routes de l’Histoire

La Grande Guerre vue par les écrivains

« Il faudra raconter tout sans changer un mot, de tout ce qu’on a vu... »
Louis-Ferdinand CÉLINE,
Voyage au bout de la nuit

La Grande Guerre, comme aucune autre, donne naissance à une production écrite abondante.

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Alain Fournier

On comptera pas moins de 500 écrivains morts au champ d’honneur. Le plus célèbre d’entre eux est Charles Péguy, créateur des Cahiers de la Quinzaine. Suivent l’auteur du Grand Meaulnes, Alain Fournier et Louis Pergaud, qui tombe des méfaits d’une guerre qui ne ressemble en rien à celle de son livre à succès : La Guerre des boutons. Maurice Chevalier est fait prisonnier. Louis-Ferdinand Céline, blessé, est hospitalisé au Val-de-Grâce. Paul Éluard et Max Ernst, qui s’opposent dans leurs tranchées ignorent encore qu’à l’issue du conflit, ils deviendront les meilleurs amis de monde. Roger Martin du Gard découvre, dans sa sape obscure où voisinent les vivants et les morts, l’ouvrage du pacifiste Romain Rolland, Au-dessus de la mêlée. En 35 ans de correspondances, ils ne se rencontreront jamais ! Roland Dorgelès et Pierre Mac Orlan sont blessés, ils sont perdus pour l’armée mais pas pour la littérature. Le conflit de 1914-1918 a donc laissé quelques livres d’importance : Le Feu d’Henri Barbusse, Sous Verdun et Nuits de guerre de Maurice Genevoix (1916) ; Les Croix de bois de Roland Dorgelès (1919), À l’Ouest, rien de nouveau d’Erich Maria Remarque (1929). Aucun de ces écrivains n’exalte l’événement : ils veulent au contraire en dénoncer l’horreur. Tous les auteurs disent que cette guerre est absurde et que l’histoire se dévore elle-même en sacrifiant son peuple !

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Charles Peguy

Le roman de l’écrivain allemand, Erich Maria Remarque À l’Ouest, rien de nouveau, est plus lyrique. Les émotions du narrateur-personnage y colorent toutes les scènes. Sa vision de la guerre se présente comme l’expression de la révolte de sa génération, le héros faisant étroitement partie d’un groupe de jeunes gens, camarades de classe, victimes des mêmes illusions au moment de leur engagement commun : « Les journées sont brûlantes et les morts sont étendus là en rangs serrés. Nous ne pouvons pas aller les chercher tous ; nous ne savons pas ce que nous pourrions en faire. Ce sont les obus qui les enterrent. Parfois, leur ventre se gonfle comme un ballon. Ils sifflent, rotent, bougent. »

Les hommes sont asservis à leurs instincts, la nourriture d’abord, le sommeil ensuite, qui souvent manquent et dont la quête remplit le vide des journées. La fatalité les conduit à des actes de désespoir. Ils risquent aussi, s’ils tentent d’échapper aux ordres : le Conseil de guerre et le peloton1 d’exécution. Barbusse, Remarque et Genevoix évoquent de telles sanctions. Leur prise de conscience conduit les écrivains à une condamnation sans appel de la guerre. De ces récits émerge le respect des hommes, dont l’héroïsme ne s’est pas manifesté dans l’ardeur guerrière, mais dans la résistance fraternelle à la souffrance et à la mort.


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