Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №22/2008

Arts et culture

Tatiana JELEZNIAKOVA

Une belle page architecturale

Notre-Dame
édifice de transition

(Suite. Voir N°21/2008)

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C’est un édifice de transition. L’architecte achevait de dresser les premiers piliers de la nef, lorsque l’ogive qui arrivait de la croisade est venue se poser sur ces larges chapiteaux romans qui ne devaient porter que les pleins cintres. L’ogive, maîtresse dès lors, a construit le reste de l’église.

C’est la greffe de l’ogive sur le plein cintre.

Les plus grands produits de l’architecture sont moins des œuvres individuelles que des œuvres sociales ; le dépôt que laisse une nation ; les entassements que font les siècles; des espèces de formations. Les grands édifices, comme les grandes montagnes, sont l’ouvrage des siècles. L’homme, l’artiste, l’individu s’effacent sur ces grandes masses sans nom d’auteur. Le temps est l’architecte, le peuple est le maçon.

L’architecture européenne chrétienne apparaît aux yeux comme une immense formation divisée en trois zones qui se superposent : la zone romane, la zone gothique, la zone de la Renaissance. La couche romane, qui est la plus ancienne et la plus profonde, est occupée par le plein cintre, qui reparaît porté par la colonne grecque dans la couche moderne et supérieure de la Renaissance. L’ogive est entre deux.

img2Mais les trois zones se mêlent et s’amalgament par les bords, comme les couleurs dans le spectre solaire. De là – les monuments complexes, les édifices de nuance et de transition. L’un est roman par les pieds, gothique au milieu, gréco-romain par la tête. C’est qu’on a mis six cents ans à le bâtir.

Mais la constitution même de l’église chrétienne n’est pas attaquée. C’est toujours la même disposition logique des parties. Quelle que soit l’enveloppe sculptée et brodée d’une cathédrale, on retrouve toujours dessous la basilique romaine. Elle se développe sur le sol selon la même loi. Ce sont deux nefs qui s’entrecoupent en croix et dont l’extrémité arrondie en abside forme le chœur ; ce sont toujours des bas-côtés pour les processions intérieures, pour les chapelles. Cela posé, le nombre des chapelles, des portails, des clochers, des aiguilles se modifie à l’infini, suivant la fantaisie du siècle, du peuple, de l’art. Statues, vitraux, rosaces, arabesques, dentelures, chapiteaux, bas-reliefs – l’architecture combine toutes ces imaginations comme bon lui semble. De là – prodigieuse variété extérieure de ces édifices au fond desquels réside tant d’ordre et d’unité. Le tronc de l’arbre est immuable, la végétation est capricieuse.

(à suivre)

(d’après Victor HUGO, Notre-Dame de Paris)

 

Fiche pédagogique

VOCABULAIRE

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édifice (m) de transition – здание переходной эпохи

pilier (m) – колонна

nef (f) – неф, внутренняя часть храма

ogive (f)архит. стрелка свода

croisade (f) – крестовый поход

chapiteau (m)архит. капитель колонны (завершение колонны)

plein cintre (m) – полукруглая арка

dès lors – с этих пор

greffe (f) – прививка

dépôt (m) – вклад

entassement (m) – напластование

espèce (f) de formation – своего рода геологическая формация

maçon (m) – каменщик

superposer – воздвигать одно над другим

couche (f) – слой

s’amalgamer – смешиваться, сплавляться

quelle que soit – каким бы ни было

basilique (f) – базилика, собор

s’entrecouper – пересекаться, перекрещиваться

croix (f) – крест

abside (f)архит. апсида (закругленная часть храма, которой заканчивается центральный неф)

chœur (m) – алтарная часть

bas-côté (m) – боковой неф

chapelle (f) – часовня

clocher (m) – колокольня

aiguille (f) – шпиль

dentelure (f) – резные украшения

comme bon lui semble – как ему вздумается

prodigieux – чудесный, изумительный, необычайный

résider – находиться

tronc (m) – ствол

immuable – неизменный, незыблемый

végétation (f) – растительность, заросли


QUESTIONS

  1. Qu’est-ce que signifient les expressions « époque de transition », « édifice de transition » ?
  2. Pourquoi dans le premier alinéa du texte il s’agit de la « croisade » ?
  3. Les croisades, qu’est-ce qu’elles ont donné à l’architecture européenne ? Quelles influences a-t-elle subies ?
  4. Qu’est ce qu’est le « plein cintre » ? l’« ogive » ?
  5. Qu’est-ce que vous connaissez sur la différence des styles « roman » et « gothique » ?
  6. Victor Hugo, comment parle-t-il des rapports entre une œuvre d’architecture médiévale et le créateur de cette œuvre ?
  7. Quelles comparaisons emploie-t-il pour traduire ses impressions et pensées ?
  8. Est-ce que vous voyez des hyperboles, des exagérations dans la description ? Des contrastes ?
  9. Est-ce que vous voyez une certaine symétrie dans le texte ? Un certain rythme ?
  10. Est-ce qu’on peut dire que la description de la cathédrale que fait l’auteur est une image romantique ?
  11. Victor Hugo, comment continue-t-il à développer son idée principale dans les troisième et quatrième alinéas ?
  12. Quelle est la comparaison principale qui est à la base de ces alinéas ? Quelles en sont les comparaisons supplémentaires ?
  13. Est-ce que l’abondance de comparaisons et d’images ne vous empêche pas de comprendre l’idée ? Peut-être au contraire, ça aide à imaginer ?
  14. Qu’est-ce qu’on apprend sur la construction de l’église chrétienne du dernier fragment du texte ?
  15. Comment se conjuguent ici des détails concrets avec des beautés du style de Victor Hugo ?
  16. Victor Hugo aime composer des phrases-formules. Parcourons encore une fois le texte et trouvons-les.
  17. Quel est le rôle de ces phrases dans le texte ?

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