Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №11/2009

Arts et culture

Pour en savoir plus !

Une biographie à lire :
Marie-Dominique Lelièvre, Sagan à toute allure

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Sylvie Testud

Un livre qui suscite, non pas la nostalgie, mais une sorte de tristesse du présent. Sagan a déjà eu des biographes, mais le texte de Marie-Dominique Lelièvre, très personnel, très engagé, est d’une autre nature. « Plus qu’un portrait, cette enquête est un kaléidoscope, écrit-elle. Je ne prétends pas dire qui elle était, saisir son énigme la plus profonde, qui le peut d’ailleurs, elle était très secrète, mais seulement éclairer quelques facettes. » Françoise Sagan était, avant tout, un écrivain, ce que sa légende a fini par occulter et que rappelle cette biographie, donnant envie de lire et de relire, ce qui est la seule justification d’une biographie d’écrivain.

Un film à voir : Sagan

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Cinq ans après sa disparition, Françoise Sagan, fait de nouveau l’actualité, à travers un film français de Diane Kurys avec Sylvie Testud, Pierre Palmade et Jeanne Balibar. Sylvie Testud incarne ici Françoise Sagan. En s’attachant à tout ce qui a forgé la légende Sagan, la comédienne rend attachante une femme courant après une vie qu’elle n’aimait pas, orchestrant ses caprices, son dandysme, son goût des belles voitures, des boîtes de nuit et des casinos, ses amours mouvementées, ses addictions (alcool et drogue) et ses scandales dans une étouffante solitude. Sagan claquant des fortunes, méprisée, ivre d’ennui, égoïste, malheureuse... La performance de l’actrice est impressionnante et sa ressemblance avec l’écrivain bluffante : ses gestes, sa mèche, sa voix basse, son regard en-dessous, son look de garçon manqué, sont restitués de façon assez troublante. Comment rendre ce charme Sagan, ce cocktail étonnant de timidité et de désinvolture, d’insolence et de correction ? Cela est différent de jouer un personnage fictif et une personne qui a réellement existé. Plus magique, plus poignant, forcément. « Pas question de rêver sur le personnage, de partir de sa psychologie, dit Sylvie Testud. On a de Sagan une image si précise et si singulière qu’on ne peut pas être approximatif1. Jamais, je n’avais abordé mon métier de cette manière, mais, là, il fallait l’attraper de l’extérieur, ce n’est même pas la peine d’essayer de la jouer si on ne s’est pas approprié ses attitudes. Je regardais ses interviews, les documentaires. J’étudiais son évolution. Je suis allée voir un ami orthophoniste : c’est une gymnastique vocale de parler comme Sagan. Plus dur que le japonais ! Je m’efforçais d’imiter Sagan trait pour trait, avec une servilité qui m’inquiétait moi-même : j’avais peur de n’arriver qu’à la copier. »

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Sagan avec Jean Seberg

Avant, Sylvie Testud ne connaissait Françoise Sagan que pour avoir lu Bonjour tristesse, et travaillé Un château en Suède au cours de théâtre. Maintenant, elle a du mal à se séparer d’elle, au point qu’elle sentait parfois « que Françoise était là, dans un coin ». L’actrice a rencontré de nombreuses personnes qui connaissaient ou avaient rencontré l’écrivain. À l’écran, la comédienne fait brillamment ressortir deux traits marquants de la personnalité de Sagan, son intelligence, rapide, pétillante, et cette sincérité qui la rend si émouvante : elle était secrète et pourtant ne dissimulait rien, discrète et pourtant n’en faisant qu’à sa tête. « Elle prend ce que la vie lui offre, sans être jamais vraiment décidée elle-même. Elle n’est ni dans la soumission ni dans le pouvoir. Et jamais dans la revendication ni dans la vulgarité. Elle ne donne pas de leçons, n’impose pas sa personnalité. J’aime beaucoup qu’elle reste si bien élevée tout en étant complètement rock’n’roll. Finalement, elle m’apparaît plus forte que tout ce qu’elle faisait : c’est elle qui est vraiment romanesque, sa vie, son humour, sa mélancolie. »

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L’actrice a adoré interpréter Françoise Sagan au cinéma, ce rôle a bouleversé sa vie. « J’étais bien dans son univers. Je m’y plaisais. Et je regrette terriblement de ne l’avoir jamais rencontrée. Elle avait l’élégance de vous rendre important, elle avait envie que les gens se sentent bien avec elle, et elle ne voulait pas être une occasion de souci pour les autres. L’amusement la motivait. Un désir d’insouciance qui n’empêchait pas l’angoisse : les enfants sont angoissés et rieurs. »



1 Imprécis, vague.

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