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Les Routes de l’Histoire

Alla CHEÏNINA

D’une Révolution libérale à une Révolution sanglante 10 août 1792 - 27 juillet (9 thermidor) 1794

Ça fait plus de deux ans que la Bastille est prise et détruite. Que d’événements se sont passés depuis : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est rédigée, la Constitution est élaborée et votée. L’Assemblée législative remplace l’Assemblée constituante.

Il y a la fuite de la famille royale rattrapée à Varennes, il y a le massacre au Champ-de-Mars, il y a enfin la déclaration de la guerre à la Prusse. Comment gérer tout ça ?

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Louis XVI reconnu à Varennes
http://www.univ-ab.pt

Louis XVI est privé de tous ses pouvoirs, à l’exception d’un seul : c’est le droit de veto1. C’est-à-dire, qu’il participe toujours aux débats de l’Assemblée et c’est sur sa proposition que l’Assemblée vote le 20 avril 1792 la déclaration de la guerre contre l’empereur autrichien, François II. Louis XVI compte sur l’intervention des armées étrangères pour l’aider à restaurer la monarchie absolue.

L’armée française, forte en hommes, est pourtant mal préparée : les deux tiers des officiers ont émigré ; ceux qui restent méprisent les jeunes officiers recrutés, enthousiastes mais peu expérimentés ; quant à la troupe, elle préfère la liberté à la discipline. Puisqu’on perd, il faut chercher la trahison. Le peuple de Paris crie à la trahison de Marie-Antoinette, cette « Autrichienne » et de « ce cochon de Louis », son époux. Quand, le 25 avril 1792, à Strasbourg, Rouget de Lisle présente pour la première fois son Chant de guerre pour l’armée de Rhin, les gens mémorisent tout de suite ces mots : « Aux armes, citoyens ! ». Des débats animés et violents secouent alors l’Assemblée législative. On voit partout les affiches : « Vaincre ou mourir ». À ceux qui crient : « Vive le Roi ! » on répond : « Vive la Nation ! ». Le temps n’est plus aux modérés. Il faut choisir : être citoyen et patriote ou bien être contre-révolutionnaire et ennemi de la Nation. Les députés multiplient les attaques contre le Roi, qu’ils soupçonnent de complicité avec les puissances étrangères. Le 20 juin 1792, quelque vingt mille manifestants se regroupent faubourg Saint-Antoine et défilent à l’Assemblée, portant diverses enseignes menaçantes, telles que : « À bas le veto ! », « Le peuple est las de souffrir ! », « La liberté ou la mort ! », « Le roi et la reine préparent une contre-révolution ! », puis se dirigent vers le château de Tuileries, le prennent d’assaut et l’envahissent. La foule trouve Louis XVI dans l’embrasure d’une fenêtre d’un salon. Là, juché sur une banquette, il est insulté, bousculé, mais sans jamais perdre de sa dignité. Aux menaces il répond calmement : « Je n’ai pas peur ; qu’on fasse de moi ce qu’on voudra. La force ne fera rien sur moi, je suis au-dessus de la terreur. » Et cette fois la foule recule.

Mais pas pour longtemps. Le 11 juillet 1792, toute la France entend battre le tocsin2. Les soldats marseillais marchent vers Paris et chantent le chant de guerre que les Parisiens surnomment La Marseillaise.

Le 10 août 1792, l’assaut est donné aux Tuileries. Les défenseurs du Roi sont des aristocrates et des gardes suisses ; les gardes françaises ont rejoint les sans-culottes et les soldats marseillais. Vrais combats, plus de mille morts. La révolution libérale est finie. La Révolution sanglante commence…

Fiche pédagogique

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Rouget de Lisle crée La Marseillaise
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Ce serait intéressant de reconstituer les épisodes de l’histoire de la Révolution libérale d’après les mots célèbres prononcés à cette époque-là.

23 juin 1789. Comte Mirabeau : « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous ne sortirons que par la force des baïonnettes ! »

27 juin 1789. Comte Mirabeau : « L’histoire n’a trop souvent raconté que les actions de bêtes féroces, parmi lesquelles on distingue de loin en loin des héros. Il nous est permis d’espérer que nous commençons l’histoire des hommes. ».

14 juillet 1789. François de la Rochefoucauld-Liancourt :

– Mais, c’est une révolte !

– Non, Sire, c’est une révolution.

17 juillet 1789. Jean Bailly : « Sire, Henri IV avait reconquis son peuple. Aujourd’hui, le peuple a reconquis son Roi ».

5 octobre 1789. Attribué à Marie-Antoinette : « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! »

6 octobre 1789. Jean Bailly : « Quel beau jour, Sire, que celui où les Parisiens vont posséder Votre Majesté et sa famille ! »

6 octobre 1789. Le Dauphin : « Tout est bien laid ici, maman ! »

1789. Le docteur Guillotin : « Le couperet siffle, la tête tombe, l’homme n’est plus ; avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d’œil, et vous ne souffrez point, vous ne sentirez qu’une très légère fraîcheur sur le cou ! ».

10 mai 1790. Comte Mirabeau : « On peut m’acheter mais je ne me vends pas. »

Avril 1791. Catherine II impératrice des toutes les Russies à Louis XVI : « Les rois doivent suivre leur marche sans s’inquiéter des cris des peuples, comme la lune suit son cours sans être arrêtée par les aboiements des chiens. »

21 juin 1791. Les sans-culottes : « On fera les ceintures des peaux de Louis et d’Antoinette. On réclame leurs cœurs et leurs foies pour les cuire et les manger. »

Dans quelles circonstances ont-ils été prononcés ?

22 juin 1792. Marie-Antoinette à Hans Axel de Fersen : « La journée du 20 a été affreuse. »

1er août 1792. Le duc de Brunswick : « Si le château des Tuileries est forcé ou insulté, que s'il est fait la moindre violence, le moindre outrage à leurs Majestés, le Roi, la Reine et la famille royale, elles en tireront une vengeance exemplaire et à jamais mémorable, en livrant la ville de Paris à une exécution militaire, et les révoltés coupables d'attentats aux supplices qu'ils auront mérités. »

QUIZ :

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Hans Axel von Fersen
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Connaissez-vous bien vos droits de l’Homme ?

(d’après Okapi, 1er juin 2009)

1. Ce texte a été écrit par :

a) des députés.

b) le roi, Louis XVI.

c) le journaliste-patriote Marat.

2. Il a été inspiré par :

a) les œuvres de Diderot et de Rousseau.

b) la Déclaration de l’Indépendance des États-Unis d’Amérique, qui date de 1776.

c) les discours de Maximilien Robespierre.

3. Selon l’article 1. Les hommes…

a) …ont tous les droits.

b) …naissent et demeurent libres et égaux en droit.

c) …ont les droits et les devoirs.

4. Selon l’article 4, la liberté c’est…

a) … pouvoir agir sans jamais être inquiété.

b) … pouvoir faire ce qu’on veut quand on veut.

c) … pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui..

5. Selon l’article 6, la Loi…

a) est dure mais c’est la loi.

b) est l’expression de la volonté générale.

c) ne peut jamais être violée, sauf si on ne la connaît pas.

6. Selon l’article 9, tout homme est présumé innocent…

a) jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable.

b) sauf les coupables.

c) même les coupables.

7. Selon l’article 11, la libre communication des pensées et des opinions…

a) est un privilège des hommes de la noblesse.

b) est un droit réservé aux hommes éduqués.

c) est un des droits les plus précieux de l’homme.

Résultats : 1) a ; 2) b ; 3) b ; 4) c ; 5) b ; 6) a) ; 7) c

D’où ça vient ?

1. Bonnet phrygien ; 2. Cocarde tricolore ; 3. Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ; 4. Droite et gauche en politique ; 5. États généraux ; 6. Garde nationale ; 7. Guillotine ; 8. Jeu de paume ; 9. La Marseillaise ; 10. Lettre de cachet ; 11. République ; 12. Sans-culottes ; 13. Tiers-état ; 14. Tocsin ; 15. Veto.

Réponses

1) La Phrygie est une ancienne région de l’actuelle Turquie. Autrefois, le « bonnet phrygien » était porté à Rome par les esclaves rendus civilement libres, affranchis. Il a été repris comme symbole de liberté et de civisme pendant l’été 1790. Depuis il coiffe Marianne, symbole de la République.

2) Une cocarde est un insigne. Les couleurs, des symboles : le bleu représente la justice, le rouge la vaillance. Ensemble, ils forment les couleurs de Paris. Le blanc incarne la pureté et la monarchie. Ces trois couleurs deviennent le drapeau français le 21 octobre 1790.

3) Le texte fondateur de la nation française qui aura une portée universelle, a été écrite par Mirabeau et Sieyès et adoptée le 26 août 1789. Véritable credo philosophique, social et politique, ce texte constituera le préambule de chacune des cinq constitutions françaises.

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Cocarde tricolore
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4) L'origine historique de ce clivage se trouve dans un vote ayant eu lieu en France à l’assemblée nationale d'août-septembre 1789. Lors d'un débat sur le poids de l'autorité royale face au pouvoir de l'assemblée populaire dans la future constitution, les députés partisans du veto royal (majoritairement ceux de l'aristocratie et du clergé) se regroupent à droite du président. Au contraire, les opposants à ce veto se rassemblent à gauche sous l’étiquette de « patriotes » (majoritairement le Tiers état).

Après la Révolution cette opposition s'est instituée dans la culture politique des systèmes d'assemblées, même si d'autres comme groupes antagonistes émergent, tels les « montagnards » proches des tribunes du peuple, et la « plaine » ou « le marais ».

5) C’est, sous la monarchie, l’assemblée représentative des trois ordres (clergé, noblesse, tiers état) qui se réunit à la demande du roi. En 1789, ils n’avaient pas été réunis depuis 1615.

6) Milice bourgeoise créée à Paris après le 13 juillet 1789 pour faire face aux troubles qui se multiplient dans la capitale. La Fayette est élu commandant en chef de cette garde le 15 juillet. Le modèle parisien s’étend rapidement aux départements.

7) Une machine à couper les têtes pour remplacer les exécutions à la hache ? La proposition du Docteur Guillotin, médecin et député, en décembre 1789, a fait son chemin. La « guillotine » sert pour la première fois en 1792. En France, elle est utilisée jusqu’en 1977.

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Bonnet phrygien
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8) Jeu, qui date de 1320 et qui consistait à se renvoyer une balle de part et d’autre d’un filet, au moyen de la main à l’origine et selon certaines règles.

9) En avril 1792, quand la France déclare la guerre à l’Autriche, Rouget de Lisle compose un Chant de guerre de l’armée du Rhin, que des fédérés de Marseille entonnent. On le baptise ainsi Marseillaise. Il sera décrété chant national en 1795 par la Convention. Interdit pendant le premier et le second empire, la chambre des députés l'adopte en 1879 : La Marseillaise devient l'hymne national français.

10) Lettre au cachet du roi, contenant un ordre d’emprisonnement ou d’exil sans jugement.

11) Proclamée le 22 septembre 1792, la 1ère République est le régime de la France jusqu’à la proclamation de l’Empire en 1804.

12) Appelés ainsi parce qu’ils portent le pantalon et non la culotte des aristocrates. (1792) Nom que se donnaient les républicains les plus ardents de la Révolution. Ce sont les Parisiens (de petits artisans et boutiquiers aux revenus modestes, très sensibles aux problèmes de hausse des pris et de chômage), qui coiffés du bonnet rouge, participent à tous les mouvement insurrectionnels dans la capitale. Ils s’opposent aux riches (nobles ou bourgeois), agissent dans les clubs parisiens ainsi que dans les débats de l’Assemblée. Ce sont les « gardiens de la Révolution » et, à ce titre, ils réclament des mesures énergiques contre tout ce qui pourrait l’affaiblir. Armés, ils représentent une force politique redoutable. Ils sont éliminés en 1795.

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Serment du Jeu de paume
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13) Il constitue le troisième ordre de la société d’Ancien Régime et est composé de tous ceux qui ne sont ni nobles ni ecclésiastiques. Il représente 98 % de la population française.

14) Sonnerie de cloche répétée et prolongée, pour donner l’alarme.

15) 1718 (lat.) « je m’oppose ». Formule par laquelle le roi avait le droit de s’opposer aux décisions de l’Assemblée



1 (lat.) je m’oppose. Formule par laquelle le roi avait le droit de s’opposer aux décisions de l’Assemblée.

2 Sonnerie de cloche répétée et prolongée, pour donner l’alarme.

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