Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №1/2007

Je vous salue, ma France

Moulin-Rouge – le plus célèbre cabaret du monde

Le 6 octobre 1889, au pied de la butte Montmartre, l’ambiance est à la fête : l’ouverture dans le Jardin de Paris d’un nouveau Music-Hall, le Moulin-Rouge, ne passe pas inaperçue. Du côté de la place Blanche, le public vient alors en foule découvrir ce lieu extravagant : une gigantesque piste de danse, des miroirs partout, une galerie où il est du dernier chic de s’encanailler, un jardin agrémenté d’un énorme éléphant et des promenades à dos d’âne pour amuser les dames.

Une folle ambiance où le spectacle se déroule aussi bien sur scène que dans la salle : aristocrates et voyous à casquette se côtoient dans une joyeuse complicité, équipages des beaux quartiers et petites gens de Paris s’amusent ensemble dans l’euphorie la plus totale.

Les maîtres des lieux s’appellent Joseph Oller et Charles Zidler. Ils ont surnommé leur établissement Le premier Palais des Femmes et parient sur leur succès en proclamant, à qui veut l’entendre, que le Moulin-Rouge deviendra le plus grandiose des temples de la musique et de la danse. Dès le premier jour, leurs espoirs sont comblés, les autres music-halls n’ont qu’à bien se tenir !!!

Les bals du Moulin-Rouge deviennent rapidement très prisés. Apothéose de la soirée : on y découvre avec un enthousiasme débordant une nouvelle danse, le cancan avec ses danseuses, les Chahuteuses, et ses rythmes endiablés.

Dans le Guide des plaisirs de Paris, édition 1898, les danseuses de cancan sont décrites comme « une armée de jeunes filles qui sont là pour danser ce divin chahut parisien comme sa réputation l’exige... avec une élasticité lorsqu’elles lancent leur jambe en l’air qui nous laisse présager d’une souplesse morale au moins égale... ».

Dès 1850, Céleste Mogador, danseuse vedette du Bal Mabille – qui deviendra plus tard l’orchestre Mabille du Moulin-Rouge – invente une nouvelle danse, le quadrille : huit minutes à couper le souffle sur des harmonies parfaites et avec Offenbach comme maître de musique incontesté.

Un rythme endiablé, de l’équilibre, de la souplesse, à la limite de l’acrobatie, les danseuses du quadrille dans leur costume affriolant, font perdre la tête au Tout-Paris.

C’est à Londres en 1861 que Charles Morton, grand maître du music-hall inspiré par le Quadrille invente le French Cancan, le terme « cancan » faisant allusion au caractère particulièrement bruyant de cette nouvelle danse. À Paris, la popularité du cancan ne cesse de grandir. Ses formes se dessinent petit à petit : une danse ritualisée, exclusivement féminine où tout est dans l’art de faire le grand écart et de soulever ses dentelles.

Sous des pseudonymes particulièrement imagés et plutôt canailles, les plus illustres danseuses de l’époque rivalisent, chacune avec leur tempérament, sur la scène du Moulin-Rouge. La figure de proue incontestée du French Cancan reste la célèbre Goulue. Mais elle n’est pas la seule à s’illustrer dans l’art du cancan : on retrouve régulièrement sur scène Jane Avril surnommée Jeanne la Folle, la Môme Fromage appelée ainsi en raison de son jeune âge, Grille d’Égoût connue pour son goût du chahut, Nini Pattes en l’Air qui ouvrira une école de cancan ou encore Yvette Guilbert, grande diseuse nationale et imitatrice de Sarah Bernhardt...

Seule figure masculine marquante dans cet aréopage de femmes : Valentin le Désossé autrement appelé l’Homme du Quadrille et qui n’aura jamais son pareil pour faire danser les filles...

Toulouse-Lautrec, fidèle parmi les fidèles, est le grand témoin de cette période faste. Parmi l’ensemble de ses œuvres, dix-sept d’entre elles, dont certaines célèbres dans le monde entier, sont directement inspirées du Moulin-Rouge. Il en est un des personnages emblématiques. Toulouse-Lautrec ne serait sans doute pas ce qu’il est sans Le Moulin-Rouge et sa Goulue. De même, le music-hall serait-il aujourd’hui ce qu’il est sans le talent du peintre.

Les dix premières années du Moulin-Rouge s’enchaînent dans un tourbillon de soirées plus extravagantes les unes que les autres.

Autour du French Cancan, on monte les premières revues – celle des Circassiens et Circassiennes en 1890. On y organise des concerts bals tous les jours à 22 heures. On y fait scandale avec le bal des Quat’zarts et son défilé de Cléopâtre nue portée par quatre mâles, entourés de jeunes filles tout aussi dénudées et alanguies sur des lits de fleurs...

Un début en fanfare, qui à l’orée du siècle suivant, va perdre de sa splendeur. Le 29 décembre 1902, l’heure du dernier bal a sonné dans l’indifférence générale. Le quadrille n’est plus à la mode, le bal du Moulin-Rouge se transforme en théâtre-concert sous la houlette de son nouveau directeur M. Paul-Louis Flers. Un revuiste bien connu sur la place de Paris et qui souhaite faire un lieu beaucoup plus prestigieux. Il restera à la tête du célèbre établissement... 9 mois.

Jusqu’à la première guerre mondiale, le Moulin-Rouge se transforme en véritable temple de l’opérette. Là encore inspirés par la musique d’Offenbach, les spectacles s’enchaînent dans la légèreté, la bonne humeur et la gaieté : les spectateurs sont au rendez-vous pour rêver, rire, pleurer.

L’automobile (déjà !) est fêtée le 7 décembre 1904 : du beau monde rassemblé à l’occasion du Salon de l’Automobile. On y chante, on s’y amuse, on regrette déjà la fin d’une si délicieuse soirée.

Tandis qu’en 1907, une certaine Mistinguett, débutante pleine de charme, fait ses premiers pas sur la scène du Moulin-Rouge dans « La Revue de la Femme ». Ce n’est que le début d’une longue histoire. Très vite, son talent exceptionnel éclate au grand jour : imitant la gigue langoureuse de Max Dearly, elle sera l’instigatrice de la fameuse valse chaloupée et deviendra une étoile brillant au firmament du music-hall.

Après guerre, c’est Francis Salabert qui prend les commandes du Moulin-Rouge. Il est l’homme d’affaires plus qu’homme de spectacle. Son rêve est de monter un spectacle dont les danseuses sont américaines. Il réussit à convaincre Gertrude Hoffmann, directrice du ballet Hoffmann, et se lance dans la création de « New York – Montmartre ». En tête d’affiche, les Dolly Sisters, Rosy et Jenny, les deux premières jumelles de l’histoire du music-hall. Le style Broadway fait une entrée remarquée sur les scènes parisiennes... Le soir de la première, Mistinguett, désormais reconnue comme Reine du music-hall est dans la salle. Elle comprend immédiatement qu’une révolution dans son art fétiche est en train de se produire...

Après le départ de Mistinguett, plus rien ne sera comme avant, au royaume du music-hall... Le 7ème Art prend le pas sur les Grandes Revues, la Salle de Bal se transforme en Night-Club ultra moderne... Et pourtant, le Moulin-Rouge connaîtra encore quelques grands moments de la gloire. Quelques jours avant la libération de Paris, Édith Piaf, dont le talent est déjà reconnu, se produit sur la scène du Moulin-Rouge.

Il faudra six ans après guerre pour que le Moulin-Rouge retrouve de sa splendeur.

Le 22 juin 1951, Georges France dit Jo France acquiert le bal du Moulin-Rouge et se lance dans des travaux titanesques pour redonner au célèbre établissement des plus belles soirées parisiennes.

Débutants plein d’avenir et vedettes prestigieuses se retrouvent en haut de l’affiche : Charles Trenet, Charles Aznavour, Line Renaud, Bourvil, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, Fernand Raynaud... Tous font éclater leur talent sur la scène la plus célèbre de l’hexagone.

En 1962, Jacki Clérico assure la succession à la tête du premier cabaret du monde. Le Moulin-Rouge a repris sa place légendaire.

Pour ses revues, il ne choisit que des titres en F pour baptiser ses spectacles : il s’agissait à l’époque d’une superstition, c’est aujourd’hui une tradition. Les Frou Frou, Frisson, Fascination, Fantastic, Frénésie... s’enchaînent jusqu’à l’inoubliable Formidable, la Revue du Centenaire, pour laquelle le public s’enthousiasme aujourd’hui encore.

Têtes couronnées, Gotha international, Stars du Show Biz, tout ce beau monde s’est donné rendez-vous place Blanche, ce 12 février 1988, pour fêter les 100 ans de cette vénérable institution entièrement dédiée à la fête et aux plaisirs... et lui souhaiter longue vie dans la joie et la bonne humeur !

Aujourd’hui depuis 110 ans, la plus mythique salle de cabaret au monde accueille des millions de spectateurs venus admirer les célèbres revues !

(d’après http://www.moulinrouge.fr)

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