Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №2/2007

Arts et culture

Un portrait d’Anna

Ceux qui la connaissent, racontent qu’elle ressemble bien à ses livres. Mélange d’humour et de perspicacité, de tristesse et d’insouciance, de lucidité et de gaieté. Anna Gavalda n’est pas qu’un phénomène littéraire, elle est aussi une drôle de bonne femme.

Future romancière française est née à Boulogne-Billancourt, région parisienne le 9 décembre 1970. Elle a grandi à la campagne, à Nogent-le-Roi, en Eure-et-Loir, entre un père, qui était le vendeur de systèmes informatiques auprès des banques, et une mère qui dessinait des foulards. Ses parents, « parisiens bourgeois éclairés », ont fait le grand saut en 1968 : « Ils ont décidé de quitter la ville pour aller vivre dans une abbaye non chauffée. J’ai vécu une superbe enfance bucolique, avec mes frères et sœur qui restent aussi mes meilleurs amis. » Entourée de ses deux frères et de sa sœur Marianne, elle lit les bandes dessinées de Goscinny et écoute les albums de Boby Lapointe.

Quand elle a quatorze ans, ses parents se séparent. Anna est envoyée dans une pension pour jeunes filles à la jupe bleu marine et prière à tous les repas tenues par des dominicaines du Saint-Esprit à Saint-Cloud. Le choc est rude. « J’ai toujours aimé écrire. Quand j’étais petite, je préparais des discours pour les réunions de famille, je faisais des one woman shows. Mais ce serait prétentieux et impudique d’affirmer que je voulais devenir écrivain. »

En 1987, dans une salle d’examens, alors qu’elle est en train d’échouer au concours d’entrée à Sciences-Po, Anna rédige sa première nouvelle. Pendant les années 1990-1993 elle fait une hypokhâgne* au Lycée Molière et obtient une maîtrise de lettres à la Sorbonne. Dès 1992 de nombreux petits boulots (de serveuse, caissière, fleuriste, à ouvreuse de cinéma, en passant par vendeuse de vêtements et préceptrice pour enfants...) occupent son temps tandis qu’elle souhaite faire du journalisme et envoie sa candidature à Madame Figaro et se voit embauchée.

Elle cumule les métiers de chroniqueuse, de professeur de lettres dans un collège catholique de Melun dans la banlieue parisienne, d’assistante vétérinaire et de maman de deux enfants : Louis (1996) et Félicité (1999). Elle traduit des romans Harlequin, écrit de profonds articles pour le Magazine de Carrefour et lit beaucoup.

Elle prend comme prétexte les concours de nouvelles pour donner ses textes à lire. Concours qu’elle gagne régulièrement. En 1996, elle devient la lauréate de « la plus belle lettre d’amour » sur France Inter. Résultat, Anna Gavalda écrit pour les autres des lettres en tout genre : de motivation, d’amour, de rupture... L’année suivant elle gagne un concours de nouvelles policières organisées par la bibliothèque municipale de Melun. À cette occasion, elle achète un ordinateur et ne s’arrête plus d’écrire. Pourquoi ne pas les envoyer à des éditeurs ? « Je n’espérais même pas être publiée. Je voulais juste que l’on m’aide, que l’on me fasse des remarques sur mon travail. J’ai arrosé le Tout-Paris éditorial de mes photocopies. Je n’ai pas reçu un seul mot personnel, que des lettres types. Puis j’ai envoyé mon manuscrit au Dilettante, dont j’aimais les couvertures. Deux jours après, Dominique Gaultier m’a appelée pour signer un contrat. C’est une belle histoire. » Dans ses rêves les plus fous, Anna Gavalda imaginait dix mille exemplaires. Mais il y eut la presse, unanime ; un passage chez Ruquier ; le coup de foudre des libraires... « Le succès m’est passé un peu au-dessus, car au même moment je vivais un divorce douloureux. »

En 1999, son premier ouvrage, un recueil de nouvelles Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part était publie aux éditions Dilettante. En douze nouvelles l’écrivaine traverse la société, croise des gens dont elle s’inspire et auxquels elle « pense pendant des heures voire des années ».

En 2000, cette jeune femme dynamique, sincère et savoureux reçoit le grand Prix RTL – Lire pour ce livre, qui ne quitte pas les classements des meilleures ventes et est traduit en 19 langues. « Mon manuscrit a été refusé partout. Je ne m’attendais absolument pas à ce succès, mais je suis une fille assez fataliste, alors, je savoure », avoue-t-elle-même. « J’écris parce que je suis faite pour ça. Le bon Dieu m’a faite ainsi, et je m’incline modestement ! Je sais raconter des histoires, c’est mon petit don à moi. »

En 2002, la romancière signe son deuxième livre et le premier roman Je l’aimais, un huis clos entre une femme, que son mari vient de quitter, et son beau-père. Et après – un nouveau roman, cette fois pour jeunesse « à partir de 9 ans » 35 kilos d’espoir écrit de manière énergique mais sensible. C’est un roman plein de tendresse, de tristesse, mais aussi d’espoir. L’écrivaine réussit à adapter son langage à de jeunes lecteurs, ce qui n’est pas forcément évident pour un auteur de romans pour adultes.

Ensemble, c’est tout, son roman récent signé en 2006. Ce livre admirable ne raconte rien d’autre qu’une histoire d’amour et quatre destins humaines liées ensemble.

Après le premier livre et la séparation, Anna Gavalda a décidé de continuer à vivre à Melun, pour que Louis et Félicité voient leur père régulièrement. Elle a atterri dans cet appartement qui ne l’enthousiasme guère, à l’exception de la vue imprenable sur l’église. Son appartement n’est pas luxueux mais confortable. Dans le salon, un ouvrage d’art trône sur un lutrin. « Je trouve que c’est le meilleur moyen de regarder un beau livre. En ce moment, je tourne tous les jours une page des dessins de Dürer. » Sur la table, des bandes dessinées. Dans la chambre des enfants, il y a beaucoup d’albums. Enfin, dans sa chambre, qui lui sert aussi de bureau, une télévision sans antenne, juste pour les vidéos de Tex Avery. Peu de livres, car elle ne garde presque rien : « Je n’aime pas les objets, je n’aime pas posséder. Tout ce qui fait ma fortune et ma force est dans ma tête. Les seules choses qui me font vraiment rêver ? Elles sont si luxueuses que je ne peux pas me les offrir. Ce sont de l’espace et du temps », conclut-elle en souriant.

Oui, Anna Gavalda ressemble vraiment à ses livres… Irrésistible.

SOURCES :
www.aufeminin.com
Pascale FREY, Anna Gavalda conteuse de la vie ordinaire // Lire, février 2002
Préface de Anna Gavalda accordé à la Maison de la presse pour leur guide magazine 2002 L’Amour des livres
http://www.evene.fr
Анна ГАВАЛЬДА Просто вместе Перевод Е. Клоковой. – Москва, 2006


*hypokhâgne (f) — первый год обучения на подготовительных курсах (для поступления в Высшую Нормальную школу).

(La publication est préparée par Natalia SOUKHODOLSKAYA.)

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