Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №6/2007

Arts et culture

Quand il est mort, le poète…

Pierre Delanoë, qui a signé les textes plus de 5 000 chansons en cinquante ans de carrière, s’est éteint le 27 décembre 2006, à l’âge de 88 ans

C’était l’un des auteurs compositeurs les plus connus des Français, tout simplement parce qu’il avait travaillé pour de nombreux interprètes de talent. Ils sont rares ceux qui n’ont pas interprété un de ses textes : Édith Piaf, Tino Rossi, Gilbert Bécaud, Sylvie Vartan, Michel Sardou, Nana Mouscouri, Dalida, Michel Polnareff, Charles Aznavour, Hugues Aufray, Nicoletta, Michel Fugain, Joe Dassin, Julio Iglesias, Serge Reggiani. Impossible de citer tous les chanteurs qui ont travaillé avec Pierre Delanoë.

Il laisse derrière lui une œuvre couronnée de succès.

Pierre DelanoëDe son vrai nom Pierre-Charles-Marcel-Napoléon Le Royer, il est né à Paris en 1918. Licencié en droit, il travaille d’abord comme inspecteur des impôts. Un beau jour, il fait une rencontre qui va bouleverser sa vie : il croise François Silly, qui deviendra bientôt Gilbert Bécaud. C’est immédiatement un déclic. Il se lance dans la chanson et devient l’un des collaborateurs attitrés du chanteur. C’est le début d’une longue collaboration qui donnera naissance, pendant les décennies suivantes, à plusieurs standards de la chanson française : Et maintenant, Je reviens te chercher, La solitude ça n’existe pas, Nathalie.

Plus tard, en pleine vague yé-yé, le titre d’une de ses chansons, écrite toujours pour Gilbert Bécaud, deviendra le nom d’une émission de radio et d’un magazine, célèbres encore aujourd’hui. Cette chanson, c’est bien sûr Salut les copains. Et l’époque des années 1960 s’appelle depuis « le temps des copains ». C’est Hugues Aufray qui marque le plus la carrière de l’auteur, pendant la période yé-yé. En effet, Delanoë adapte des chansons de Bob Dylan, qu’enregistre Hugues Aufray sur un album, sorti en 1965, devenu, aujourd’hui essentiel à la discographie de l’artiste.

Les artistes yé-yé ont également l’honneur d’interpréter Pierre Delanoë, qu’il s’agisse d’œuvres originales ou d’adaptations. Sylvie Vartan chante La Maritza, chanson mélancolique, datant de 1968. D’autres encore obtiennent des succès mémorables en enregistrant des chansons de Delanoë : France Gall (Ne sois pas si bête, 1964, Dalida (Ciao amore ciao, adaptation d’une chanson de Luigi Tenco, qui s’est suicidé suite à un concours, 1967, Le Lambeth Walk, 1978, Laissez-moi danser, 1979, Comme disait Mistinguett, 1979, L’Amour et moi, 1981, Fini la comédie, 1981), Claude François (Les Ballons et les billes, 1969, Les Petites souris, 1969, C’est de l’eau, c’est du vent, 1970), Dick Rivers (Un homme plein d’argent).

Pierre DelanoëPar ailleurs, les artistes non associés à la mode yé-yé chantent également Delanoë pendant ces années très prolifiques où l’auteur bascule d’un style à l’autre. Nana Mouskouri obtient, en 1967, un véritable triomphe avec les chansons Que c’est bon la vie et Adieu Angelina. Elle avait auparavant représenté le Luxembourg à l’Eurovision avec À force de prier (1963). Pas étonnant que cette collaboration s’est poursuivie tout au long de la carrière de la chanteuse, toujours avec autant de succès : Quand tu chantes (1976), Je chante avec toi liberté (1981), L’Amour en héritage (1984), Ma vérité (1985)... Parmi les artistes ayant débuté dans cette période et ayant chanté Delanoë citons Françoise Hardy (La Rue des cœurs perdus, 1969), Michel Delpech (Inventaire 66, 1966), Jacques Dutronc (La Vie, l’amour c’est dingue), Enrico Macias (Aimez-vous les uns les autres, 1977).

Après la période yé-yé, l’auteur, connu de tous, accueille de nouveaux venus en leur écrivant des chansons, tout en continuant d’en écrire pour ses interprètes fétiches, dont Bécaud fait partie. En 1967, Michel Fugain, qui a débuté quelques années auparavant, enregistre Tu peux compter sur moi, mais surtout Je n’aurai pas le temps. Cette dernière chanson sera un énorme succès et entrera dans le patrimoine de la chanson francophone. Plus tard, d’autres succès viendront couronner la collaboration Delanoë-Fugain : Fais comme l’oiseau (1972), Attention mesdames et messieurs (1972), Une belle histoire (1972), Bravo monsieur le monde (1974), Chante comme si tu devais mourir demain (1974), Tout va changer (1974), etc.

Autre artiste ayant débuté à la même période, c’est-à-dire vers 1966, Michel Polnareff fera de la chanson Le Bal des Laze, datant de 1969, un véritable classique. L’année suivante, se sera Gloria.

Par ailleurs, Pierre Delanoë fait partie de la fameuse bande à Jojo, c’est-à-dire les auteurs et compositeurs entourant Joe Dassin. Pour ce dernier, il aligne une quantité impressionnante de succès : Le Petit pain au chocolat (1969), Les Champs-Élysées (1969), Le Chemin de papa (1969), Ça va pas changer le monde (1975), Et si tu n’existais pas (1975), À toi (1976), Il était une fois nous deux (1976), Le Café des trois colombes (1976) et Dans les yeux d’Émilie (1977), entres autres. Enfin, en 1967, Nicoletta nous convainc avec sa voix puissante qu’Il est mort le soleil.

Les années soixante-dix n’éloignent guère Pierre Delanoë de la route du succès, loin de là. Gérard Lenorman, Michel Sardou et bien sûr, Jœ Dassin, Gilbert Bécaud et Michel Fugain feront briller les chansons écrites par l’illustre auteur. Pour Michel Sardou il écrit Les Vieux mariés (1973), Le Curé (1973), Les Villes de solitude (1973), Le France (1975), Le Temps des colonies (1976), La Java de Broadway (1977), En chantant (1978), Les Lacs du Connemara (1981), Être une femme (1981), Le Fauteuil (Il était là) (1982), Vladimir Ilitch (1983), Les Deux écoles (1984), Io Domenico (1987).

D’autres encore viennent allonger la liste déjà longue des interprètes de l’auteur, dont Mireille Mathieu (Qu’elle est belle, 1971, Écoute ce cri, 1971, Tu m’as donné la vie, 1974),

Pierre Delanoë a participé au lancement de la station radiophonique Europe 1, dont il a été directeur des programmes de 1955 à 1960. Il a également été président de la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique qui gère les droits d’auteur d’œuvres musicales) de 1984 et 1994. Sa carrière a été couronné de nombreux prix, dont la Légion d’honneur, l’Ordre National du Mérite et le grand prix des poètes 1997. Il a été élevé au grade de commandeur des Arts et Lettres en 2004. 

La solitude ça n’existe pas

Paroles : Pierre DELANOË
Musique : Gilbert BECAUD

La solitude ça n’existe pas
La solitude ça n’existe pas
La solitude ça n’existe pas
La solitude ça n’existe pas

Chez moi il n’y a plus que moi
Et pourtant ça ne me fait pas peur
La radio, la télé sont là
Pour me donner le temps et l’heure
J’ai ma chaise au Café du Nord
J’ai mes compagnons de flipper
Et quand il fait trop froid dehors
Je vais chez les petites sœurs des cœurs

La solitude ça n’existe pas
La solitude ça n’existe pas

Peut-être encore pour quelques loups
Quelques malheureux sangliers
Quelques baladins, quelques fous
Quelques poètes démodés
Il y a toujours quelqu’un pour quelqu’un
Il y a toujours une société
Non, ce n’est pas fait pour les chiens
Le Club Méditerranée

La solitude ça n’existe pas
La solitude ça n’existe pas

Tu te trompes, petite fille
Si tu me crois désespéré
Ma nature a horreur du vide
L’univers t’a remplacée
Si je veux, je peux m’en aller
A Hawaii, à Woodstock ou ailleurs
Et y retrouver des milliers
Qui chantent pour avoir moins peur

La solitude ça n’existe pas
La solitude ça n’existe pas…

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