Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №13/2007

Arts et culture

Jacques Prévert : « La poésie, c’est un des plus vrais, un des plus utiles surnoms de la vie »

Poète, scénariste, dialoguiste, parolier, dramaturge. Populaire et solidaire, curieux et insoumis, amoureux des femmes, des mots et de la contestation, Jacques Prévert, à travers son œuvre, est allé au plus près de la réalité.

Né avec le siècle à Neuilly-sur-Seine, Jacques Prévert sera l’aîné des trois enfants qu’auront Suzanne Catusse et André Prévert. Il se passionnera dès son plus jeune âge pour la lecture et le spectacle. Il s’ennuie à l’école, et dès 15 ans, après son certificat d’études, il quitte l’école et fait des petits boulots, il travaille notamment au grand magasin Le Bon Marché. Il est mobilisé en 1918, puis débute son service militaire en 1920 à Saint-Nicolas-de-Port .

Là, il forme un trio d’amis avec « Roro », un garçon boucher d’Orléans, et Yves Tanguy qui sera envoyé peu après en Tunisie. Prévert, quant à lui partira pour Istanbul où il fera la connaissance de Marcel Duhamel.

De retour à Paris en 1922, Jacques s’établira au 54, rue du Château qui sera bientôt le point de rencontre du mouvement surréaliste auquel participent Desnos, Aragon, Leiris, Artaud sans oublier le chef de file André Breton.

Il soit trop indépendant d’esprit pour faire véritablement partie d’un groupe constitué, quel qu’il soit. En 1928 Prévert, Tanguy et Duhamel quittent la rue du Château. Il commence à écrire des textes pour ce qui sera plus tard le groupe Octobre.

Le groupe Octobre

La troupe est issue de la scission de la troupe Prémices de la Fédération du théâtre ouvrier de France, dont quelques comédiens reprochaient au metteur en scène Roger Legris, la perte de l’idéal politique. Rejoint par Jacques Prévert, qui est devenu l’auteur principal, ils jouèrent, lors des meetings politiques, dans les rues et dans les usines en grève, entre 1933 à 1936, de courtes pièces ou des chœurs, afin de diffuser les idées marxistes auprès du peuple.

Prévert écrivit alors à charge contre l’ordre établi, caricaturant les politiciens et les gros industriels (La Bataille de Fontenoy, 1932), ou ridiculisant la bourgeoisie (La Famille Tuyau de Poêle, 1933), valorisant les ouvriers (Vive la Presse, 1932, ou Le Tableau des merveilles, joué dans les grands magasins parisiens en grève en 1935). Face au théâtre bourgeois, il veut favoriser l’émergence d’un théâtre du peuple. Les comédiens jouaient également Paul Éluard et Aragon.

Le groupe remporta en 1933 le premier prix de l’Olympiade du théâtre ouvrier de Moscou, avec la représentation de La Bataille de Fontenoy, reprenant les vrais discours de Paul Déroulède, Joseph Joffre, Édouard Herriot et Raymond Poincaré.

Rentrant d’un voyage d’Europe de l’Est avec la troupe du Groupe Octobre, il fait la connaissance d’un musicien démuni, venant de Budapest, Joseph Kosma. Prévert écrit ses poèmes, sans se soucier des règles. Cette façon simple et incomparable de dire la vie et l’amour, Prévert l’a exploitée avec autant de verve dans ses chansons.

Les Paroles

Jacques Prévert écrit aussi de fabuleux poèmes en prose qu’il donne à son ami Kosma qui les met en musique pour Agnès Capri, Marianne Oswald, Juliette Gréco, Yves Montand.

Les Paroles de Prévert seront réunies pour la première fois en 1945 par René Bertelé. Bien que certains libraires avaient prophétisés que « ça intéresse que quelques jeunes gens de Saint-Germain-des-Prés », l’ouvrage est accueilli comme une immense bouffée d’oxygène dans le climat littéraire d’après la libération et est réédité à 5 000 exemplaires dans la semaine suivant le jour de sa publication.

La Deuxième Guerre mondiale finie, Prévert revient à Paris. Ses poèmes sont sur toutes les lèvres avec un parfum de bonheur nostalgique et de liberté retrouvée. Prévert restera toute sa vie d’un antimilitarisme à toute épreuve et son pacifisme ne souffrira aucun compromis.

Son style

Prévert fait éclater le caractère conventionnel du discours par les jeux de mots. Sa poésie est constamment faite de jeux sur le langage (calembours, inventions burlesques, néologismes, lapsus volontaires...) dont le poète tire des effets comiques inattendus (un humour parfois noir !), des significations doubles ou encore des images insolites.

De même ses poèmes fourmillent de jeux de sons, de combinaisons pour l’oreille (allitérations, rimes et rythmes variés) qui paraissent faciles mais dont Prévert fait un usage savant. Enfin, il ne faut pas négliger les apports du surréalisme dont on retrouve les traces : inventaires, énumérations hétéroclites d’objets et d’individus, additions de substantifs ou d’adjectifs, etc. À noter également les procédés de l’image, de la métaphore et de la personnification (animal, objet, humain).

Ses principaux jeux de mots :

· jeu de cortège : développement descriptif, énumération d’objets et/ou d’individus
· équivoque : jeux sur la double signification d’un mot, au sens propre et au sens figuré, sens courant ou sens argotique
· zeugma : procédé qui rattache grammaticalement des termes qui ne se rapportent pas logiquement l’un à l’autre
· calembours : fondé sur une similitude de sons ou de sens
· néologisme : création de nouveaux mots.
· logique de l’absurde : tout ce qui est contraire à la raison
· allitération : répétition de consonnes


Jacques PRÉVERT

Les Feuilles mortes

Mis en musique par Joseph KOSMA
Interprété pour la première fois
par Yves MONTAND en 1946

Oh ! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis
En ce temps-là la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Tu vois, je n’ai pas oublié...
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l’oubli.
Tu vois, je n’ai pas oublié
La chanson que tu me chantais.
C’est une chanson qui nous ressemble
Toi, tu m’aimais et je t’aimais
Et nous vivions tous deux ensemble
Toi qui m’aimais, moi qui t’aimais
Mais la vie sépare ceux qui s’aiment
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.
Les feuilles mortes se ramassent a la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidèle 
Sourit toujours et remercie la vie
Je t’aimais tant, tu étais si jolie,
Comment veux-tu que je t’oublie ?
En ce temps-la, la vie était plus belle 
Et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui
Tu étais ma plus douce amie 
Mais je n’ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantais 
Toujours, toujours je l’entendrai!

Sables mouvants

Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s’est retirée
Démons et merveilles
Vents et marées
Et toi
Comme une algue doucement caressée par le vent
Dans les sables du lit tu remues en rêvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s’est retirée
Mais dans tes yeux entrouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer

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