Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №7/2008

Univers du français

Éloge du bon élève

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Iriez-vous voir un match de foot­ball entre deux équipes composées de cancres du ballon rond ? Non, vous préférez les footballeurs, qui sont des prix d’excellence. De même, au cinéma, paieriez-vous une place pour un film interprété par des to­cards ? Non, vous préférez voir les acteurs, qui sont des as de la profession. En fait, il semble que l’on ait aujourd’hui le devoir d’être excellent partout, sauf à l’école, où le mauvais élève jouit encore d’une certaine in­dulgence. Il est temps de faire l’éloge du bon élève.

Qu’est-ce qu’un bon élève ? À mon avis, un être ré­actif, rapide, mais profondément paresseux : il s’in­génie à expédier son travail dans les meilleurs dé­lais pour avoir le loisir de faire autre chose. Le bon élève sait que les meilleures notes sont très relatives et que la vraie vie est ailleurs. Un bon élève ressemble à une sorte d’Arsène Lu­pin, il crochète toutes les serrures d’une main preste de gentleman-cambrioleur, le voilà déjà sur le toit du château tandis que le cancre est encore au rez-de-chaus­sée avec son trousseau de clés. En réalité, c’est le malheureux cancre qui est scolaire, personne n’est plus obsédé que lui par l’école, il ânonne ses leçons, maudit les manuels. Si le cancre croit en l’école, le bon élève n’y croit guère. Si le cancre attend un miracle, le bon élève est plutôt un incrédule, un voltairien. Évidemment, on a tendance à redouter les voltairiens. Le cancre va donc passer une partie de sa vie à regarder en coin les bons élèves, ces scintillants, ces insolents. Les bonnets d’âne n’aiment guère les peaux d’âne.

Tout cela a peu à voir avec l’origine sociale. Il y a des milliers de bons élèves venant de milieux dits défa­vorisés. Quant aux familles les plus for­tunées, elles fournissent invariablement leur contingent de cancres. Résultat : les bons élèves constituent aujourd’hui une espèce volontiers dénigrée. Ce sont eux les briseurs de consensus, les punks discordants, les « bad boys » gênants. Être un cancre, c’est assez facile. Exceller en classe, c’est finale­ment plus rare et plus risqué. Tel serait mon conseil final aux cancres : si vous voulez être de vrais rebelles, en finir avec le conformisme confortable, en­courir la réprobation gé­nérale, essayez donc de devenir de bons élèves.

(d’après la presse française)

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