Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №16/2008

Arts et culture

Les métamorphoses de Soljénitsyne

Trois livres du Prix Nobel paraissent simultanément en France. Ce sont Aime la Révolution !, Réflexions sur la révolution de Février et Une minute par jour. Chroniques.

Alexandre Soljénitsyne est né en 1918. Condamné aux travaux for­cés en 1945 pour « activités contre-révolutionnaires », il se fait connaî­tre, en 1962, grâce à Une journée d’Ivan Denissovitch. Ses romans Le Premier Cercle, Le Pavillon des cancéreux et son livre historique, La Roue rouge, sont interdits en URSS. Prix Nobel de littérature en 1970, il est expulsé de son pays en 1974, après avoir publié en Occi­dent L’Archipel du Goulag. Il retournera en Russie en 1994.

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Le personnage qui s’appelle Ner­jine est un alter ego de l’écrivain, qui l’a sui­vi dans presque toute son œuvre. C’est lui le héros du roman inache­vé Aime la Révolution ! publié à Moscou en 1997, en fran­çais aujourd’hui. Il a été écrit à Marfino, la prison laboratoire où se passe l’ac­tion du Premier Cercle. C’est un roman d’apprentissage de la vie. L’étudiant maigri­chon a eu un mois d’enseignement avant d’être mobilisé, alors qu’il brûle de périr à la « Guerre révolutionnaire » qui apportera au reste de la planète le régime parfait que la Russie a inventé. Mais l’apprentissage de ce jeune homme sincère et idéaliste se fait par à-coups rapides. La Révolution n’est pas si facile que ça à aimer !

L’apprentissage, ce sont les dia­logues avec le couple des Diomidov, qui ont connu les camps, et savent com­ment fonctionne le grand hachoir humain, c’est l’arbitraire grossier de la police, c’est la haine des femmes cosaques pour les rouges qui viennent tout piller... Et, par-dessus tout, c’est la découverte du peuple fataliste, cruel, parfois tendre, – Nerjine découvre et la férocité de ce peuple, et son éternelle sagesse. Aime la Révolution ! est un vers de Boris Lavreniov, un des romantiques bolcheviques des années 1920. Pris comme titre, il dit le mélange d’amour et d’ironie.

Gleb était un rêveur aux pieds légers, le voici entravé par la décou­verte de la violence, apercevant l’immensité de l’Archipel en un soir. Ce roman, est un livre captivant. Même son aspect inachevé lui confère du mystère.

Réflexions sur la révollution de Février a été publié pour le 90ème anniver­saire de la révolution de février 1917. Les conclusions sont sèches, parfois contradictoires : Nicolas II, trop préoccupé de sa famille, n’a pas su réprimer une révolte qui n’avait pas de racines dans le pays profond. Thèse centrale : l’athéis­me, la perte de la foi ont ruiné la résistance morale de la Russie, plus sainte du tout...

En somme, Février 1917 a été une « syncope » de la nation, et il faut à tout prix lui éviter de rechu­ter... Mais comment l’éviter ? Une minute par jour donne une réponse : ce sont les interventions télévi­sées de l’écrivain entre avril et sep­tembre 1995. Premièrement, écou­ter les humiliés et les offensés, deuxièmement, revenir aux tradi­tions du gouvernement local d’autrefois, le zemstvo, et puis aussi s’inspirer de la fermeté morale des vieux croyants. Il y a chez l’écri­vain un culte du zemstvo qui va au-delà de cette réforme que la Russie doit à Alexandre II. Il croit que le zemstvo est la voie russe vers la démocratie.

(d’après la PRESSE FRANÇAISE)

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