Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №17/2008

Univers du français

Igor CHTANEV

La langue française est en fête ! au Québec et… dans le monde

Tout au long de l’année 2008, l’Amérique du Nord vibre au rythme de la francophonie. Pourquoi un tel honneur est-il réservé au français sur un territoire traditionnellement anglophone ? Et oui, vous êtes, peut-être déjà, au courant, que cette année, le 3 juillet, on célèbre le 400ème anniversaire de la fondation de la ville de Québec, la capitale nationale de la province francophone du Canada qui est le deuxième pays francophone au monde avec ses sept millions et demi d’habitants. Et à cette occasion, la langue française est au cœur de la fête aux couleurs de la Nouvelle France. Mais connaissez-vous l’histoire du français au Canada, ses trésors cachés : le québécois, l’acadien ? Chaque pays francophone possède un héritage linguistique significatif et un parler qui lui est propre. Découvrez ici ceux du Québec pour mieux comprendre la richesse et le multiculturalisme de la francophonie.

BONNE FÊTE, QUÉBEC !

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Québec jouit d’une réputation de la plus belle ville de l’Amérique du Nord. Le 2 décembre 1985, convenant de la valeur patrimoniale du Vieux-Québec, l’UNESCO reconnaît l’importance internationale de son centre historique, car elle demeure la seule ville du nouveau continent à avoir conservé ses remparts qui regroupent de nombreux bastions, portes et ouvrages défensifs ceinturant toujours la ville.

En 2008, Québec souffle ses 400 chandelles. Une ville, aux apparences d’un château médiéval, est un symbole d’une forteresse qui a réussi non seulement à protéger la langue française de l’invasion de l’anglais, mais aussi à l’enrichir du vécu des colons français qui ont semé les grains de la civilisation française pour récolter l’identité québécoise.

Comment à ce propos ne pas s’émerveiller d’une fabuleuse aventure de la langue de Molière en Amérique du Nord, qui a connu ses années de gloire, de misère et du renouveau tout au long des cinq siècles de colonisation de ce vaste pays !

Aujourd’hui, le français a reconquis ses lettres de noblesse et il est aussi bel et bien vivant, comme la langue de Shakespeare, dans ce grand pays de 30 millions d’habitants, peuplé principalement d’anglophones et d’allophones1.

Un peu d’histoire…

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En consultant le livre de Alain Rey Mille ans de langue française2 présenté par l’auteur comme « l’histoire d’une passion », vous pourrez non seulement partager les émotions fortes de cette fabuleuse histoire du français en Amérique du Nord et à travers le monde entier, mais aussi suivre toutes les péripéties d’évolution linguistique sur le territoire de la Gaule (pays occupé aujourd’hui par la France, la Suisse, la Belgique et une partie de l’Allemagne). Vous comprendrez comment le latin, apporté par les Romains, conquérants de la Gaule, a subi les changements pour se transformer en roman (appelé aussi français archaïque) et puis en français.

Pour se faire une idée du chemin plus que millénaire parcouru par la langue française depuis sa naissance en Gaule jusqu’à son implantation en Amérique et son évolution au Canada et au Québec, voici quelques dates et faits marquants de cette histoire.

L’année 813, lorsque l’Église catholique décide au Concile de Tours, que les évêques doivent traduire les sermons en roman, pour que le peuple puisse les comprendre, est une sorte d’acte de naissance officielle de la langue française.

En 842 les deux petits-fils de Charlemagne prêtent leur serment de Strasbourg en français archaïque ou roman, ce qui est considéré comme le premier texte en français.

Plus tard, le 24 juillet 1534, Jacques Cartier, le capitaine de Saint-Malo, débarque avec ses hommes à la pointe de Gaspé, le territoire du Canada actuel. Ils plantent la croix avec les fleurs de lys et une inscription : « Vive le roi de France ! ». Ce geste signifiait la prise en possession de ce territoire au nom du roi, François Ier. Mais cela a marqué aussi le début d’une longue aventure de la langue française sur le sol nord-américain.

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Le 30 juin 1608, le vaisseau français « Don du Dieu » du cartographe du roi Samuel de Champlain3 entreprend la remontée du fleuve Saint-Laurent vers le futur emplacement du Québec où il arrive en barque avec ses ouvriers le 3 juillet. Champlain cherche l’endroit idéal pour construire un petit fort, ouvrage fortifié à l’usage d’habitation. Il choisit enfin une place tout près de l’eau au pied de la falaise où la future habitation fortifiée sera construite selon ses plans.

Ces deux faits inestimables : les voyages de découverte et de conquête territoriale de Cartier et la fondation de la première colonie par Champlain, à laquelle Henri IV donna le nom de « Nouvelle-France », ont marqué le point de départ de la fabuleuse aventure du français apporté de France en Amérique du Nord. Cette langue des premiers immigrants venus de 29 provinces, comme la Normandie, Paris et l’Île-de-France, le Poitou, se transformera au cours des quatre siècles en québécois, et en acadien, langues identitaires respectivement des habitants de la province du Québec et du Nouveau Brunswick, représentées sur la Carte de la francophonie du Canada.

Il est impossible de raconter toute l’histoire tumultueuse des quatre derniers siècles de la vie des habitants du Québec, du Nouveau Brunswick (la deuxième province du Canada dont presque 40 % de la population est francophone) et d’autres provinces dans leur combat pour sauvegarder le français et l’acadien dans un environnement anglophone. Il suffit de se rappeler qu’en 1755 les Acadiens qui refusaient de prêter serment d’allégeance aux Anglais, étaient déportés de la Nouvelle-Écosse. Environ la moitié d’entre eux périront.

Cet exode des Acadiens est appelé par les historiens la déportation des Acadiens ou un Grand Dérangement, représenté en maints tableaux.

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En protégeant coûte que coûte leur langue maternelle malgré tous les obstacles politiques et sociaux, ils ont réussi à gagner cette bataille linguistique en léguant à leurs descendants un riche héritage culturel de la nouvelle civilisation à travers leur langue.

Aujourd’hui, la langue française est l’une des deux langues officielles au Canada.

Il y a encore 50 ans on pouvait dire à propos des Français et des Québécois que ce sont « deux peuples séparés par une même langue ». Tellement ces deux langues : le français de France et le français québécois, étaient mutuellement incompréhensibles4.

Durant les nombreuses années, les Québécois ont consenti de nombreux efforts pour améliorer le français au Québec. Par exemple, sur les recommandations de La Société du bon parler français au Canada fondée en 1902 sous le patronage de l’Université Laval, on a fait circuler Les Dix Commandements du Bon Parler :

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Vivons, parlons en beauté
Prononçons avec pureté
Parlons mieux par intérêt,
par fierté
Parlons et achetons en français
Faisons du français
un art populaire
Évitons les anglicismes
Articulons avec fermeté
Guerre aux bouches molles
Vouons au bon parler
un culte national
Hommage à Sa Majesté
la Langue française

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Par ailleurs, ultérieurement, la société a adopté la législation linguistique et a créé de nombreuses institutions, comme Office québécois de la langue française5, pour améliorer le français dans le milieu de travail, d’éducation, en famille et en société en général.

Grâce à ces mesures une norme de la qualité de la langue s’est instaurée à travers les mass média (radio, télévision, journaux, Internet, etc.) qui a reçu le nom du « français international », c’est-à-dire la norme standard du français.

Toutefois, la parfaite maîtrise d’une langue aussi riche et complexe comme le français, reste le propre de gens qui y consacrent beaucoup de temps et d’efforts.

Mais dans la langue quotidienne les normes linguistiques ne sont pas respectées strictement dans toutes les situations. C’est pourquoi, ne soyez pas surpris et un peu déroutés par un vocabulaire spécifique, un accent différent, une syntaxe parfois étonnante, une morphologie spéciale, l’abondance des anglicismes francisés et l’habitude de parler très court (comme cela ce fait en anglais), des expressions particulières, souvent désuètes. Pour froid, ils prononcent frète. Pour ici, ils prononcent icite.

Jugez vous-mêmes des différences qui peuvent créer des incompréhensions, des contresens et même susciter de la frustration. Par exemple, si un marchand de chaussures veut vous refiler (vendre) une paire de « claque », ne pensez surtout pas qu’il veut vous gifler. Car il veut tout simplement vous vendre les caoutchoucs (галоши en russe). Ou bien, si vous entendez le mot « pantoute » sachez que c’est tout bonnement la transformation des mots « pas en tout(e) », ce qui veut dire tout simplement « pas du tout ».

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Si un Québécois se sent en situation d’incompréhension linguistique vis-à-vis d’un Français, employant des mots du langage excessivement soigné, il peut demander à son interlocuteur « Ça mange quoi en hiver ? »

Cela souligne une fois de plus que le français du Canada est une langue directe qui garde sa clarté6, la qualité primordiale du français.

Les festivités programmées au cours de cette année : le Salon international du livre, le Congrès de la FIPF (Fédération internationale des professeurs du français), le festival d’été, la Fête de la Nouvelle France, le Sommet de la francophonie, prix du meilleur roman de la Francophonie, olympiades culturelles permettent de remonter le cours du temps et traverser 400 ans d’histoire.

Soyez de la fête, en naviguant sur les nombreux sites Internet7 qui vous transporteront dans l’ambiance virtuelle de Québec et de la francophonie qui font peau neuve !



img81 Personne dont la langue maternelle est une langue étrangère, dans la communauté où elle se trouve. Le petit Robert, 2006.

2 Mille ans de langue française. Histoire d’une passion. A.Rey, F.Duval, G.Siouffi. Édition Perrin, 2007, 1465 pages.

3 Vous pouvez aller sur le site
http://www2.csmb.qc.ca/ddo/questions/nvllfrance.html pour tester vos connaissances sur Nouvelle France.

4 Le dictionnaire Québécois-Français, pour mieux se comprendre entre francophones. Édition Guérin. C’est le mot d’esprit attribué à Bernard Shaw pour caractériser les différences entre les Anglais et les Américains. Et c’est en ces termes, que Lionel Meney, docteur en linguistique et professeur d’Université, présente son Dictionnaire Québécois-Français.

5 Ce dictionnaire en français, anglais,
latin est accessible à l’adresse
http://www.oqlf.gouv.qc.ca/ressources/gdt.html

6 Antoine de Rivarol (1753-1801) disait du français « Ce qui n’est pas clair n’est pas français… Sure, sociale, raisonnable c’est plus que la langue française, c’est le langage de l’humanité ».

7 http://www.quebec400.gc.ca/bienvenue-welcome-fra.cfm

http://monquebec2008.sympatico.msn.ca/MonQuebec2008

www.olympiadesculturelles.com

www.francequebec400.com

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