Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №22/2008

Univers du français

Irina KORNEYEVA

Le plaisir d’apprendre

Apprendre c’est toujours bien. De nouveaux savoirs et savoir-faire font progresser la personne. Et en plus, avec chaque nouveau grain de connaissance elle devient plus heureuse. Même si elle ne s’en rend pas compte lors de son apprentissage. Elle en découvrira après, quand elle se sentira changée en meilleure.

À tous ceux qui aiment apprendre et le font avec plaisir, mon article est dédié...

« Où est le charme de l’aventure,
si on ne peut pas la partager avec une copine ? »

Pam BROWN, Pour une super copine

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Youlia Beglova de Moscou, M. Michel Boiron, Directeur du CAVILAM et Irina Korneyeva

Nous étions 10 jeunes filles russes (futurs professeurs de français) boursières par le gouvernement français. Parmi plus de 2 000 personnes de 80 nationalités, nous sommes venues au CAVILAM (Centre d’Approches Vivantes des Langues et des Médias) au mois de juillet pour perfectionner notre français. Ce fameux pôle universitaire et technologique est sûrement une des particularités les plus réputées de la ville de Vichy qui est bien connue en France. Les sources thermales et le traitement par les eaux curatives qui y est largement proposé et bien répandu, rendent Vichy la ville de touristes (ou bien de curistes comme on dit là-bas). Alors que la formation au CAVILAM, son statut international et le personnel admirablement instruit, ont fait apparaître des notions décrivant Vichy comme « ville du tourisme éducatif » et « ville d’étudiants ». « On dit pas “cheese” lorsqu’on fait une photo ici », nous a corrigé un Vichiçois, « on y dit vi-chyyyyyy ! Vous le faites et vous souriez ! » Par cette jolie blague a commencé notre séjour très agréable plein de jours intenses et nuits sans sommeil.

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CAVILAM

Avant d’y arriver, nous avions eu peur : et si nous allions passer tout un mois en même groupe de Russes suivant le même programme et ne pratiquant notre français qu’entre nous ? Mais à notre grande surprise, au cours de 4 semaines il nous arrivait de ne pas nous voir pendant des jours ! La diversité de thèmes était épatante et en faire le choix était toujours un problème. On hésitait tout le temps et on en changeait au dernier moment. C’est vrai qu’au CAVILAM on enseigne bien des choses intéressantes et nous, on voulait profiter de tout sans laisser échapper la moindre possibilité d’apprendre. Figurez-vous : tous les jours j’écoutais mes enseignants parler français, mais la langue n’était plus mon but principal et unique ! C’est génial de pouvoir faire d’une pierre deux coups : j’y continuais à maîtriser mon français et en même temps j’apprenais beaucoup de choses ! Et pour moi cette expérience a été comme un trésor recherché depuis longtemps.

Tout ce qui était enseigné, discuté et éprouvé au CAVILAM portait principalement sur le thème d’enseignement de français. Mes copines et moi, nous avons découvert qu’à part du modèle traditionnel, il existait une quantité de différentes façons d’enseigner et d’apprendre une langue. D’une manière ludique et divertissante, on peut étudier des particularités socio-culturelles d’un pays étranger et parler de sa civilisation. Marionnettes, techniques théâtrales, chansons, bandes dessinés, médias, publicités et même les emballages des produits alimentaires peuvent rendre un très beau service aux enseignants, donner du ressort aux apprenants et transmettre une quantité énorme d’information authentique concernant le pays et ses traditions. Je vous jure qu’aucun stagiaire du CAVILAM n’a renoncé au plaisir d’éprouver ces méthodes et bien plus que ça : parfois on se voyait s’amuser comme des enfants !

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À Paris

Deux dernières semaines au CAVILAM, j’ai été plongée dans un thème extrêmement intéressant. On a cherché à étudier et comprendre la société française et à considérer la vie actuelle des Français sous plusieurs faces. Des loisirs préférés et des congés, des conditions de travail et des salaires, des préférences politiques et les dépences mensuelles d’une famille ordinaire française... Même, ce qu’un Français moyen prend au petit déjeuner et ce qu’il fait le soir. On dirait qu’on nous a appris tout sur cette nation !

On est d’accord, bien sûr, qu’il est difficile d’étudier la nouvelle culture de l’étranger, « les yeux fermés », sans voir les gens dans leur quotidien, sans les observer parler entre eux et faire des choses qui leur sont familières et propres. Je dirais que la bonne partie de savoirs sur la France que j’ai acquis, je les ai eus en visionnant et en me joignant pour un peu à la vie des Français car cela aussi, bien évidemment, fait apprendre. Les Français qui sont très fiers de leur langue et culture, peuvent, à mon avis, passer des heures à vous en parler ! Alors pourquoi pas en profiter ? Le séjour à Vichy a été mon troisième voyage en France. « Ici tu es déjà comme chez toi », m’ont dit mes amis français. Euh... Vous savez, j’ai tardé à leur répondre. Il y a tant de nouveau à découvrir, que chaque fois je me disais : on apprend au cours de toute sa vie.

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Vichy

J’adorais les soirs à Vichy quand après les séances de ciné, les cours de gym ou de latin ou après les balades sous le ciel étoilé vichiçois on se réunissait avec mes copines sur un balcon minuscule de mon studio, et une tasse de café à la main, on... riait comme des baleines ! Tout le monde s’y sentait à l’aise, on travaillait beaucoup dans la journée et on se permettait de s’amuser le soir. Parfois j’entendais mes voisins faire la fête de la même manière, mais jamais je n’ai vu leurs visages. Imaginez ma surprise lorsque j’ai appris : je voisinais pendant 15 jours avec une formatrice que je voyais tous les jours aux cours. Quelques jours après, j’ai été épatée : je devinais que ma voisine n’était pas Française, mais... Polonaise ! Elle a avoué qu’elle avait perdu son premier examen de français et que cette langue n’était pas son côté fort à l’époque. Mais aujourd’hui, croyez-moi, elle parle sans accent avec aisance ! Elle est devenue formatrice des formateurs et apprend aux professeurs de plusieurs pays (y compris des Français !) à enseigner la langue qui ne leur est pas maternelle, ni à eux, ni à elle-même. Je me suis dit : il faut aller toujours jusqu’au bout, être obstiné et ne pas avoir peur de difficultés et d’échecs.

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