Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №22/2008

Les Routes de l’Histoire

Rimma PLOTNIKOVA

Traité d’un prisonnier français à Saratov

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L’an 1812... L’armée de Napoléon attaque la Russie. Puis elle se retire dans des conditions épouvantables.

Le 18 novembre, pendant le combat sous Krasnoyarsk, Jean-Victor Poncelet, un jeune officier-sapeur du corps du maréchal Ney, est fait prisonnier avec beaucoup d’autres Français. Ce groupe nombreux est dirigé à Saratov.

L’hiver de cette année-là était très rude. Les Français en souffraient beaucoup. Jean-Victor arrive à Saratov complètement gelé, avec beaucoup de blessures graves, à demi paralisé. Il est déprimé, la captivité le remplit d’humilité.

Mais l’attitude des pouvoirs de Saratov envers les prisonniers français était loyale grâce au gouverneur Alexey Pantchoulidzev. Alexandre Coudret, officier prisonnier (plus tard – écrivain) écrit dans une des lettres à son père : « ... nous avons de la chance de trouver dans la personnalité du gouverneur un homme bien humain et généreux dont la manière de nous traiter est noble et accueillante, ce qui expie toute la grossièrté et la terreur de notre trajet si long ».

À Saratov, les prisonniers sont assez libres, ni garde, ni convoi, ni surveillance. Ils peuvent « voyager » à travers la ville et ses environs. La condition unique – passer la nuit dans la caserne. D’après l’ordre du tsar Alexandre Ier les officiers touche son mois selon son rang et son titre. Ce soutien d’argent permet d’améliorer la vie dans la caserne. On achetait des meubles et des provisions. Outre cela les prisonniers possédant quelque métier peuvent en profiter. Ils deviennent maîtres de français, de dessin technique, agronomes, gardiens, barbiers. La pratique privée est admise. Tout cela donne aux Français la possibilité de gagner de l’argent supplémentaire. On loue et même achète des appartements.

Et Poncelet ? Qu’est-ce qu’il fait ? Son jeune organisme a vaincu toutes ses douleurs physiques. Il n’a que 24 ans. Le plus difficile – c’est son état d’âme, sa solitude morale. Jean-Victor décide de renouveler dans sa mémoire les cours de mathématiques jadis entendus à l’École d’Ingénieurs à Metz et à l’École Polytechnique de Paris. L’algèbre, la trigonométrie et surtout la géométrie l’attire de nouveau. Sa mémoire brillante et son esprit si clair lui donnent la possibilité de non seulement renouveler ses connaissances d’autrefois, mais de se consacrer à la recherche « d’images nouvelles géométriques ». La naissance de la géométrie projective est le résultat de ses recherches. Pendant sa captivité à Saratov, il remplit à peu près 600 pages, dont 400 contiennent ses recherches scientifiques.

Ayant compris toute la nouveauté et la signification de ses idées et de ses comptes Jean-Victor écrit un traité scientifique. Il suppose le présenter à l’Académie de Saint-Pétersbourg espérant recevoir la permission de déménager dans la capitale et d’y passer le reste de sa captivité.

Mais l’armistice interrompt son travail si fécond à Saratov. Enfin il peut revenir en France.

L’idée du traité commencé à Saratov le poursuit toujours. Il est publié en 1822. Dans ce traité Poncelet unit de différentes idées qui servent à fonder une nouvelle théorie géométrique.

Ce prisonnier de Saratov devient un des plus éminents mathématicien du monde. Deux fois dans sa vie il est président de l’Académie française.

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