Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №22/2008

Je vous salue, ma France

Tatiana SLACINOVA

2008 – l’année de la pomme de terre

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Jusqu’au XVIe siècle, les Européens ne se nourrissaient que de céréales, de carotte, de chou, d’oignon et de navet.

C’est Francis Pizarre, conquérant espagnol, qui à la recherche de l’or et de l’argent a débarqué au Pérou en 1524 et a découvert la pomme de terre. Les Incas l’ont domestiquée anciennement et cultivaient dans les Andes sous le nom de « pappa ».

Pierre Cieça, compagnon d’armes de Pizarre, envoie en Espagne ces tubercules.

La pomme de terre est bientôt adoptée par les armées espagnoles. Elle est importée en Italie, en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas. La pomme de terre est nourrissante et fait merveille. Elle a sauvé bien des vies, sauf en France. La France la boude. On ne songe pas à la peler. On ne sait pas comment la faire cuire. C’est pourquoi son goût paraît fade et terreux, même les plus pauvres la dégoûtent. On la considère avec méfiance. On lit dans L’École des potages en 1748 : « Voilà le plus mauvais de tous les légumes dans l’opinion générale ; cependant le peuple, qui est la partie la plus nombreuse de l’humanité, s’en nourrit ».

Seulement dans deux siècles grâce à l’obstination d’Antoine Augustin Parmentier, agronome, nutritionniste et hygiéniste français, et aux disettes qui suivent la pomme de terre envahit la France.

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Antoine Augustin Parmentier

Longtemps ce tubercule s’appelait la parmentière. Aujourd’hui on mange encore dans les cantines du Hachis parmentier, mélange de purée de pommes de terre et de viande hachée. Et voilà une des recettes à l’action de Parmentier :

Parmentier farcie.

Faire cuire à feu doux une dizaine de belles pommes de terre. Les ouvrir et vider la peau que l’on réserve. Passer la chair au tamis avec du beurre, de la crème fraîche, deux jaunes d’œuf et du gruyère râpé. Malaxer et saler. Remplir de ce mélange l’enveloppe des pommes de terre, les ranger dans un plat beurré. Cuire à feu doux une demi-heure et servir. Bon appétit !

En France on a érigé deux monuments à Parmentier : l’un dans Paris, l’autre – dans sa ville natale, à Montdidier.

En Russie la pomme de terre s’est implantée 100 ans après son apparition en Europe occidentale. Dans les années 1697-1698, Pierre Ier a envoyé de l’Hollande au feld-maréchal Cheremetiev un sac de pommes de terre. En 1736, on cultive les pommes de terre au potager pharmaceutique à Pétersbourg. En 1741, on en sert comme un plat exotique au banquet de la cour.

L’armée russe a connu la pomme de terre pendant la Guerre de sept ans contre la Prusse (1756-1763). Il faut se rappeler que les rois prussiens désireux de mettre fin à des famines obligeaient leurs paysans de planter les pommes de terre. À ceux qui désobéissaient on coupait le nez et les oreilles.

Avec les soldats revenus de la guerre, la pomme de terre a pénétré dans les potagers des villes russes, et à la fin du XVIIe siècle dans les champs.

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Van GOGH, Les Mangeurs de pommes
de terre

Au XIXe siècle, on a commencé à sélectionner la pomme de terre. Le plus grand sélectionneur est le maraîcher russe Yéfime Andréïévitch Gratchev (1826-1874) qui a créé plus de 100 sortes de pommes de terre et qui a été décoré de 60 médailles.

À présent on cultive les pommes de terre dans 150 pays dont la population compte 75% de la planète. Elle est « le deuxième pain » non seulement en Russie, mais aussi en Biélorussie, en Pologne, en Irlande, au Maroc, en Israël, au Chypre.

En Islande on consomme de la vodka faite de pomme de terre. On lui dédie ses poésies et ses balades. Bach l’a chantée dans sa musique. À Minsk on lui a érigé un monument. En Belgique on a ouvert un musée dont les visiteurs peuvent apprendre l’histoire et les recettes des frites ainsi que l’histoire de l’apparition de la pomme de terre en Europe. On y expose beaucoup d’objets parlant de la pomme de terre : des timbres aux tableaux. Par exemple le tableau de Van Gogh Les Mangeurs de pommes de terre.

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Statue de Parmentier
à la faculté de pharmacie de Paris

L’année dernière en Chine on en a cueilli 75 millions de tonnes. En Chine on en fait tout : des produits panifiés, des nouilles et même des bonbons et une glace. On sélectionne de nouvelles pommes de terre. À présent la pomme de terre peut être de couleurs différentes : blanche, jaune vive, orange, rouge et même violette. On en trouve des centaines de variétés adaptées à toutes sortes de conditions de culture et présentant d’infinies nuances de forme, de consistance et de goût. Les savants ont pour but que la pomme de terre remplace des légumes : la carotte, le chou ou d’autres et même les baies. À l’Extrême-Orient et en Corée du Sud on a réussi à cultiver la pomme de terre aux caractéristiques alimentaires et cosmétiques en même temps. On peut manger cette pomme de terre ou bien laver ses mains ou par exemple désinfecter ses aisselles.

La pomme de terre est un excellent remède contre la tuberculose, les maladies de l’estomac, les constipations. La pomme de terre crue guérit la brûlure et l’engelure. Enfin la pomme de terre est un bon remède cosmétique.

Une fois la pomme de terre a déjà sauvé l’humanité de la famine. Et aujourd’hui on entend parler de nouveau des émeutes affamées. Aujourd’hui toutes les agriculteurs et tous les paysans du monde sont nécessaires pour nourrir plus de six milliards d’êtres humains. Dans les années prochaines, le monde va connaître un formidable essor démographique. En 2025, la population mondiale devrait passer de 6 milliards à 8 milliards d’individus. Environ 60% d’entre eux vivront dans les villes toujours plus gigantesques. Pour les nourrir il faudra plus que doubler la production végétale mondiale actuelle. Il existe pour cela assez de terres cultivables non encore cultivées. Il faudra mobiliser toute la diversité des expériences agraires de l’humanité.

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