Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №24/2008

Je vous salue, ma France

La veillée de Noël et la coutume du repas maigre

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Quelles douces heures que celles des veillées de décembre et quel charme elles ont laissé dans nos souvenirs d’enfance ! Alors au foyer brillent les joyeuses flambées, pendant que le vent souffle. La salle est bien close, la lampe sous son abat-jour, le feu qui pétille avec un bruit sec, illuminant le plafond. Bébé, heureux, regarde son père qui tisonne, tandis que les flammes bleuâtres lèchent l’écusson de la vieille cheminée aux teintes noires et luisantes. Assis au coin du feu, le grand-père se chauffe tout pensif, tandis que la marmite fait « glou-glou » et que de chaque côté de son lourd couvercle s’échappe un mince filet de vapeur. La maîtresse du logis tourne et retourne sa grande cuillère de bois dans le ragoût qui « mijote » sur le fourneau. La vieille horloge frappe lourdement ses coups... Telles sont à peu près les veillées d’hiver dans la plupart des campagnes.

Noël en Auvergne

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En Auvergne, la veille de Noël, la nuit venue, la table est dressée devant le foyer. On la couvre d’une nappe bien blanche, et, au centre d’une magnifique brioche, on place un chandelier en cuivre.

On lit dans un récit du XIXe siècle : « Les préparatifs terminés, mon vieux père, quoique malade, veut assister au repas. Il prend, de sa main tremblante, la chandelle de Noël, l’allume, fait le signe de la croix, puis l’éteint et la passe au frère aîné. Celui-ci, debout et tête nue, l’allume à son tour, se signe, l’éteint, puis la passe à sa femme. La chandelle passe ainsi de main en main, pour que chacun, à son rang d’âge, puisse l’allumer. Elle arrive enfin entre les mains du dernier né. Aidé par sa mère, celui-ci l’allume à son tour, se signe et, sans l’éteindre, la place au milieu de la table, où elle brille pendant tout le repas ».

Ce rite accompli, le repas commence joyeux, animé par l’apparition de la traditionnelle soupe au fromage et par les surprises que ménage la cuisinière. Et quand les grâces sont dites, les enfants vont se coucher, bercés par l’espoir d’aller à la Messe de minuit. On roule dans le foyer une grosse souche, et on attend minuit, en chantant les vieux Noëls ou en racontant les histoires d’autrefois. Quand l’heure est venue, quand les habitants des villages arrivent de tous côtés, avec leurs lanternes et leurs torches de paille, on se dirige vers l’église .

Noël en Provence

img3En Provence, toute la famille se réunit à table pour le « gros souper ». Dès 7 heures du soir, les rues de la ville ou du village sont désertes et, par contre, toutes les maisons sont brillamment éclairées.

La place d’honneur appartient au plus âgé. Avant de passer à table, on allume dans la cheminée l’énorme bûche de Noël qui doit brûler une moitié de la nuit. Le plus jeune des enfants de la maison, muni d’un verre de vin, fait trois libations sur la bûche, tandis que l’aïeul prononce, en provençal, les paroles solennelles de la bénédiction.

Tandis que la bûche flambe, on s’assied pour le repas qui n’est composé que de plats maigres, mais servis à profusion : poissons frais, poissons salés, légumes, figues sèches, raisins, amandes, noix, poires, oranges, châtaignes, pâtisseries du pays.

Les enfants, qui ont obtenu, ce soir, la permission de tenir compagnie aux vieux parents, regardent toutes ces gourmandises avec des yeux émerveillés. Dans certaines familles, on met de la paille sous la table, en souvenir de la crèche où naquit le Sauveur. Les conversations deviennent plus bruyantes, le vin circule, le nougat se dépèce et, quand l’appétit est satisfait, les regards se tournent vers la Crèche qui représente le grand mystère du jour. C’est devant la Crèche qu’après le gros souper, se continue la fête de famille. On chante avec entrain les vieux Noëls souvent plusieurs fois séculaires. La soirée de famille se prolonge ainsi toute la veillée. Alors tout le monde se rend à l’église pour assister à la Messe de minuit. Rester seul, à l’écart, ce jour-là, serait regardé comme la marque d’un mauvais naturel et d’un cœur peu chrétien.

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(d’après La Nuit de Noël dans tous les pays, paru en 1912)

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