Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №3/2009

Les Routes de l’Histoire

Histoire de Marie Touchet, l’unique amour de Charles IX

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Charles IX

En automne 1566, le roi Charles IX, fils de Henri II et de Catherine de Médicis, a 16 ans lorsqu’il rencontre la jolie Marie Touchet. Dès le premier regard, entre les deux jeunes gens l’amour fait des étincelles. Réputé timide auprès des dames, Charles n’a jusqu’à présent connu aucune aventure sérieuse. Pour permettre à Marie Touchet de suivre la Cour dans tous ses déplacements, Charles IX demande à sa sœur, Marguerite de Valois, de la faire entrer à son service comme femme de chambre et, à Paris, l’installe dans une résidence particulière. Très amoureux, le jeune roi s’adonne au jeu de l’amour courtois. En plus d’une amante, Marie est également une amie pour Charles IX ; elle le comprend et adoucit par sa présence sa vie. En sa présence, le roi d’ordinaire violent et cruel se montre fort calme et doux. De religion protestante, elle devient la preuve vivante que catholiques et réformés peuvent fort bien s’entendre. Tout cela ne peut qu’inquiéter Catherine de Médicis. Elle décide de marier Charles avec Élisabeth, fille de l’empereur d’Autriche.


Mère du seul fils du roi

Les noces sont célébrées le 26 novembre 1570, à Mézières. Les mois passent, et Charles est de plus en plus triste. Après les massacres de la Saint-Barthélemy auxquels il ne s’est pas opposé, le roi reste abattu et prostré pendant des semaines. Ses nuits, dit-on, sont « peuplées de cauchemars». Catherine de Médicis décide de faire revenir Marie à la Cour, espérant que la jeune femme pourra redonner le goût de vivre à son fils. Marie s’installe donc à Paris, dans une petite maison où Charles vient passer de calmes après-midi, s’efforçant d’oublier son cauchemar…

En 1573, dans le plus grand secret, Marie accouche d’un petit garçon, appelé Charles comme son père, lequel le légitimera sous le nom de Charles duc d’Angoulême. Jusqu’à sa mort, en mai 1574, le roi éprouvera un amour profond et sincère pour la douce et sage Marie Touchet. Marie Touchet mourra le 28 mars 1638 à l’âge de 89 ans.

Alexandre Dumas

La Reine Margot

(extrait)

Le paradis du roi Charles IX

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Marie Touchet

Charles a tiré une clef de sa poche, a ouvert la porte ; puis ayant fait passer Henri il a refermé la porte derrière lui.

Le roi de Navarre a regardé Charles avec étonnement. Sa voix, son visage avaient pris une expression de douceur qui était si loin d e son caractère habituel.

– Henriot, lui a dit le roi, je t’ai dit que lorsque je sortais du Louvre, je sortais de l’enfer. Quand j’entre ici, j’entre dans le paradis.

– Sire, a dit Henri, et quel est l’ange qui garde l’entrée de votre Eden1, Sire ?

– Tu vas voir.

Et faisant signe à Henri de le suivre sans bruit, il a poussé une première porte, puis une seconde, et s’est arrêté sur le seuil. « Regarde », a-t-il dit. Henri s’est approché et son regard a demeuré fixé sur un des plus charmants tableaux qu’il ait vus. C’était une femme de dix-huit à dix-neuf ans à peu près, dormant la tête posée sur le pied du lit d’un enfant endormi dont elle tenait entre ses deux mains les petits pieds rapprochés de ses lèvres, tandis que ses longs cheveux ondoyaient, épandus comme un flot d’or. On dirait un tableau de la Vierge et l’enfant Jésus.

– Oh ! Sire, a dit le roi de Navarre, quelle est cette charmante créature ?

– L’ange de mon paradis, Henriot. Elle m’a aimé avant de savoir que j’étais roi.

Le roi s’est approché tout doucement, et sur la joue de la jeune femme, il a posé un baiser aussi léger que celui d’une abeille sur un lis. Et cependant la jeune femme s’est réveillée.

– Charles ! a-t-elle murmuré en ouvrant les yeux.

– Tu vois, a dit le roi, elle m’appelle Charles. La reine dit Sire.

– Oh ! s’écria la jeune femme, vous n’êtes pas seul, mon roi.

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Charles IX

– Non, ma bonne Marie. J’ai voulu t’amener un autre roi plus heureux que moi, car il n’a pas de couronne ; plus malheureux que moi, car il n’a pas une Marie Touchet. Dieu fait une compensation à tout.

Les deux hommes sont passés dans la salle à manger, tandis que la mère, couvrait d’une chaude étoffe le petit Charles, qui, grâce à son bon sommeil d’enfant, ne s’était pas réveillé. Marie est venue les rejoindre.

– Il n’y a que deux couverts, a dit le roi.

– Permettez, a dit Marie, que je serve Vos Majestés.

Elle a apporté un couvert, s’est assise entre les deux rois et les a servis.

– N’est-ce pas, Henriot, que c’est bon, a dit Charles, d’avoir un endroit au monde dans lequel on ose boire et manger sans avoir besoin que personne fasse avant vous l’essai de vos vins et de vos viandes ?

– Sire, a dit Henri en souriant, croyez que j’apprécie votre bonheur plus que personne.

Le souper s’est achevé ; deux heures ont sonné à Notre-Dame. Le roi était heureux et souriant comme on ne le voyait jamais au Louvre. Les heures qu’il passait dans cette petite maison étaient ses heures de soleil.

« Au revoir, mes anges », a-t-il dit. Et il est sorti. Henri l’a suivi tout pensif.



1   Paradis (m)

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