Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №3/2009

Les Routes de l’Histoire

Histoire de Marie de Clèves, l’amour impossible d’Henri III

L’amour aussi profond que sincère, qu’Henri III, fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, éprouvait pour Marie de Clèves a inspiré les poètes du temps et donnera plus tard à Madame de La Fayette le point de départ de son roman La Princesse de Clèves.

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Marie de Clèves est née en 1553. Elle a été élevée dans la religion protestante par sa tante, Jeanne d’Albret, reine de Navarre et mère du futur Henri IV. Celle-ci, le temps venu, cherche un époux digne de sa pupille1, à qui elle est très attachée. Son choix se porte sur le prince de Condé. La jeune fille accepte tristement son sort. Elle a tout juste 19 ans. Par sa beauté et sa gentillesse, elle se fait très rapidement remarquer par le jeune frère du roi Charles IX, Henri d’Anjou. Grand, large de torse, il est d’une élégance raffinée. Marie et Henri se rencontrent lors du mariage d’Henri de Navarre. C’est alors que Henri tombe amoureux de la fiancée du prince de Condé. Lui, qui passe pour un débauché cynique semble métamorphosé quand il rencontre Marie. Il se comporte comme un collégien, soupire à la lune et compose des vers dédiés à sa bien-aimée. Quant à Marie, toute sa personne reflète la pureté, la sensibilité, la douceur et l’amour pour Henri.


Un caprice d’enfant gâté ?

Henri supplie sa mère, Catherine de Médicis d’annuler le mariage de Marie avec le prince de Condé ; il lui avoue de son amour et ses souffrances. Catherine est en colère : son fils, qui se permet de contredire la reine-mère afin de se mésallier avec cette Marie de Clèves ! Elle fait presser la noce et le 10 août 1572, le prince de Condé épouse Marie de Clèves, marquise d’Isle et comtesse de Beaufort.

« Les amours sont ivres »

Henri d’Anjou ne cache ni son désespoir ni son désir de vengeance. De nouveau les amoureux échangent furtivement des lettres, se donnent des rendez-vous secrets, connaissent un bonheur sans mesure. Mais une séparation va bouleverser leur existence. À la fin de septembre 1573, Catherine de Médicis fait élire Henri roi de Pologne, il doit rejoindre son lointain royaume sans savoir s’il pourra revenir jamais auprès de sa bien-aimée. Il quitte Marie et part pour Cracovie, d’où il écrit à sa Dame de longues lettres enflammées, qu’il signe de son sang. Marie est inconsolable.

Le doux projet d’Henri III, roi de France

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Un an passe. Henri se désintéresse complètement des affaires polonaises. Il contemple avec amour le portrait de Marie pendant qu’un ministre lui parle, compose des vers au dos des lettres d’ambassadeurs et rêve de ce jour où il pourrait serrer Marie contre lui, en faisant rompre le mariage par le pape, et l’épouser.

Le 30 mai 1574, Charles IX meurt à l’âge de 24 ans. Henri d’Anjou succède à son frère défunt sur le trône de France pour devenir Henri III. En apprenant cette nouvelle, Henri veut prendre tout de suite la route de Paris, revoir sa Marie, la serrer sur son cœur, déposer la Couronne à ses pieds et l’épouser, après avoir fait annuler son mariage avec le prince de Condé. Mais la reine mère lui conseille de rester quelque temps à Lyon. Henri III obéit et écrit à celle qu’il considère comme son « épouse », une lettre passionnée qu’elle ne devra jamais recevoir.


La mort de Marie de Clèves

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Marie de Clèves

Hélas ! Le 30 octobre, Marie de Clèves meurt, après avoir donné le jour à une petite fille prénommée Catherine. Une lettre vient apprendre la nouvelle à Catherine de Médicis qui se demande comment elle en informer Henri. Finalement, elle glisse la lettre parmi des papiers d’Etat que le roi doit étudier. Le lendemain matin, en s’asseyant à sa table, ses yeux rencontrent le parchemin. Une minute, il reste sans mouvement, sans voix. Son visage devient couleur de cendres, il roule sur le sol, évanoui. Catherine veille à la porte. Elle le fait transporter dans sa chambre où il demeure, dévoré par la fièvre pendant plusieurs jours. Henri s’abandonne à une douleur délirante, terrible, effroyable. Oubliant son rang, il se tape la tête contre les murs, pleure, crie son désespoir, refuse de manger. Tous les efforts de la reine mère et de ses fidèles amis pour le sortir de cet accablement sont vains.


Têtes de mort et pénitence2

La veille de Noël, à Avignon, où la Cour s’est transportée, le roi demande à son confesseur d’organiser une procession. Ministres, grands seigneurs et gentes dames sont instamment priés d’y participer, vêtus, à l’image des pénitents, de blanc, de bleu ou encore de noir. Il se place en tête du cortège, pieds nus, une torche au poing, la tête cachée sous une cagoule3. Le roi défile en psalmodiant des prières. Cela dure une journée. Cette manifestation laisse le royaume dans la plus grande stupéfaction. Rien ne lui importe plus. La reine mère décide de le marier au plutôt. Plusieurs princesses sont proposées au roi, Catherine se fâche et déclare qu’un souverain doit avoir une épouse pour se donner des héritiers. Le roi il désigne Louise de Vaudémont qu’il connaît depuis son règne en Pologne. Le mariage a lieu le 15 février 1575 en la cathédrale de Reims. Paraissant absolument inconscient de ce qui se passe, Henri sourit bizarrement pendant toute la cérémonie nuptiale. Louise est une belle jeune fille, blonde, douce et vertueuse ; elle voue d’emblée à son mari un profond amour qui ne se démentira jamais. Après l’assassinat d’Henri III4, elle est désespérée et prend un deuil qu’elle ne quittera pas, (d’où son nom de Dame Blanche), tout en s’employant à faire réhabiliter la mémoire de son mari, condamné par le pape après l’assassinat du duc de Guise.



1 Orpheline mineure en tutelle.

2 Religieux. Châtiment, punition que l’on s’impose pour expier ses péchés.

3 Manteau ou cape sans manches, muni d’un capuchon, percé d’ouverture à la place des yeux et de la bouche, que portaient les moines.

4 Henri III meurt à Saint-Cloud en 1589 après avoir été poignardé par le moine Jacques Clément.

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