Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №16/2009

Les Routes de l’Histoire

De l’Hôtel de Ville aux Tuileries

Gagnons maintenant l’Hôtel de Ville par la rue Saint-Antoine, puis une rue de Rivoli. Voici, sur la gauche, la place de l’Hôtel de Ville, ancienne place de Grève.

Hôtel de Ville et place de Grève

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Hôtel de Ville. 1789

Port et marché, lieu de fêtes et des exécutions, la place de Grève prendra au long des siècles une dimension politique. C’est en 1246 que les bourgeois obtiennent du roi Louis IX l’élection d’une assemblée municipale, dirigée par le prévôt des marchands (par opposition au prévôt du roi). Cette municipalité choisit de siéger place de Grève. Le 7 juillet 1357, Étienne Marcel, prévôt des marchands, acquiert pour elle la Maison aux Piliers ; cet édifice gothique à arcades sera détruit et reconstruit ensuite en style Renaissance par Domenico da Cortona. L’actuel Hôtel de Ville en est la copie réinterprétée et agrandie, édifiée entre 1873 et 1883, après l’incendie qui l’a ravagé durant les combats de la Commune de Paris, le 22 mais 1871. On l’a orné de 108 statues d’hommes et de femmes célèbres, ainsi que de 30 statues figurant les grandes villes de France. Une des grandes arcades de l’Hôtel de Ville du XVIe siècle a été remontée dans le parc Monceau (IXe arrondissement) où elle se trouve actuellement.

Nouvelle distraction de la place de Grève : l’inauguration
de la guillotine le 25 avril 1792

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La guillotine

Ce jour-là, la place de Grève sert de théâtre à l’inauguration de la guillotine sur le cou d’un bandit, nommé Peletier. Ce n’est que le début. Tous les condamnés à mort sont désormais exécutés en ce lieu, jusqu’à ce que cette sinistre machine soit finalement transportée, le 21 août, sur la place du Carrousel, face au palais des Tuileries. C’est encore en 1789, le docteur Guillotin1, député du tiers état de Paris, a fait une proposition de loi tendant à ce que la peine de mort soit infligée d’une manière uniforme, sans distinction de classe, et que ce soit la décapitation, considérée comme le mode le plus sûr, le plus rapide et le moins douloureux. Son discours de présentation est resté longtemps dans les mémoires, et toute l’Assemblée est partie d’un long éclat de rire en l’entendant dire : « Le couperet siffle, la tête tombe, l’homme n’est plus ; avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d’œil, et vous ne souffrez point, vous ne sentirez qu’une très légère fraîcheur sur le cou ! ». Par ailleurs, en proclamant que « tout condamné à mort aura la tête tranchée », la loi du 6 octobre 1791 « supprime toute forme d’exécution cruelle ». La fameuse guillotine, on la dresse place de la Révolution (actuelle place de la Concorde), mais aussi, place du Carrousel, à deux pas du Louvre, place de la Bastille et place du Trône (place de la Nation). Après la Révolution, les exécutions se déroulent à nouveau sur la place de Grève. C’est à Versailles que se déroule la dernière exécution publique. Pendant l’Occupation, les hommes sont guillotinés dans la cour de la prison de la Santé, les femmes, dans celle de la prison de la Petite-Roquette (à l’emplacement du N°143, rue de la Roquette, dans le Marais). Et c’est finalement à Marseille qu’a lieu la dernière exécution capitale, le 10 septembre 19772.

5 octobre 1789 : « Allons chercher le roi ! »

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«À Versailles ! À Versailles!»

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La famille royale quitte Versailles

La vie est dure dans le royaume. Nombreux sont les ouvriers au chômage, car plusieurs manufactures ferment. Paris manque de pain ! Les femmes font la queue aux portes des boulangeries ! On a peur d’être affamé pendant l’hiver. On parle d’aller réclamer le pain au roi lui-même. Et puis, on raconte que Louis XVI veut prendre la tête de la contre-révolution. On crie à la trahison : Louis XVI doit rentrer à Paris ! Les révolutionnaires Marat, Danton, Camille Desmoulins appellent le peuple de Paris à marcher sur Versailles afin de ramener le roi dans la capitale. Tout commence le 5 octobre 1789. Dès six heures du matin, des centaines de marchandes des Halles (les poissardes3) se rassemblent devant l’Hôtel de Ville (il y avait certainement quelqu’un qui les a organisées, en sachant que le roi ne donnera jamais l’ordre de tirer sur des femmes). Un seul cri sort de leur bouche : « À Versailles ! À Versailles ! » Elles prennent la route de Versailles pour « aller voir le roi ». En chemin, les poissardes des Halles entraînent les femmes des faubourgs. Un cortège se dirige vers Versailles (on dit, qu’il y a aussi des hommes déguisés en femmes). Le général La Fayette, commandant de la Garde nationale s’y rend aussi avec une armée, composée de 25 000 cavaliers. Au nom de la Garde nationale et de la commune de Paris, La Fayette doit demander à Louis XVI de s’établir dans la capitale. Il assure le roi et la reine de leur sécurité. La reine est rassurée. Mais vers quatre heures du matin, ses femmes de chambre entendent des cris horribles et quelques coups de fusil. Le château est forcé de toutes parts, deux gardes du corps sont assassinés à la porte de la reine, et ses mots sont entendus dans sa chambre : « Sauvez la reine ! ». À six heures du matin, elle se réfugie avec ses deux enfants chez le roi. La foule est dispersée, mais elle s’assemble dans la cour, au-dessous des fenêtres du cabinet de Louis XVI. Les femmes montent sur des canons, hurlent et demande de voir Marie-Antoinette. Elles crient : « Tue ! Tue ! », « À mort ! », « Il nous faut le cœur de la reine ! ». Louis XVI apparaît au balcon avec Marie-Antoinette. Un cri général suit : « Le roi à Paris ! » . Alors Louis XVI crie d’une voix forte : « Mes amis, j’irai à Paris avec ma femme et mes enfants ; c’est à l’amour de mes bons et fidèles sujets que je confie ce que j’ai de plus précieux. » La foule crie : « Vive le roi ! », « Le roi à Paris ! ». Le départ pour Paris est finalement fixé à treize heures du 6 octobre. La famille royale s’entasse dans deux carrosses et quitte Versailles pour toujours. Partout, des femmes des Halles dansent des rondes. La foule triomphante porte les têtes des gardes assassinés en criant : « Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron4. Ils nous donneront du pain ou ils verront ! ». Une fois entrée à Paris, la famille royale, épuisée par le voyage, pense gagner immédiatement le palais royal des Tuileries mais doit se rendre à l’Hôtel de Ville, à une cérémonie prévue en place de Grève. Il est huit heures et demie du soir et la place de Grève est noire du monde. Le peuple, si terrifiant à Versailles, paraît plutôt bon enfant. Louis XVI se montre au balcon avec la reine et le dauphin et improvise un discours exprimant son  « plaisir » de se retrouver ainsi dans sa bonne ville : « C’est toujours avec plaisir et confiance que je me vois au milieu des habitants de ma bonne ville de Paris », dit-il. Le couple royal salue la foule massée sur la place. À la lueur des flambeaux, on les reconnaît : « Vive le Roi ! Vive la Reine ! ». La joie du moment fait oublier les peurs d’hier : la Révolution se terminerait-elle en octobre 1789 ? Ceux qui le croyaient, se trompaient.

Autour du Louvre et des Tuileries

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Marie-Antoinette

Prenons la ligne 1, place de l’Hôtel de Ville et allons jusqu’à la station « Louvre- Rivoli », ou bien faisons ce trajet à pied. Franchissons le guichet du Louvre et pénétrons place du Carrousel : derrière l’Arc de Triomphe, le jardin du Carrousel occupe les terrains de l’ancien palais des Tuileries. En réalité, pour effectuer une balade révolutionnaire dans le quartier du Louvre et des Tuileries, il va nous faire preuve d’une grande imagination, car le quartier a disparu par la grâce de Napoléon III, du baron Haussmann5, et des destructions lors de la Commune de Paris. Le palais du Louvre abandonné pendant un siècle par la Cour, le quartier est devenu très populaire et agréable à vivre. Le percement de la rue de Rivoli a achevé de faire disparaître les témoins de la Révolution, notamment le Manège, siège de l’Assemblée nationale. Le château des Tuileries a brûlé lors de la Commune de Paris. Quant au Louvre, il a échappé heureusement aux tourmentes de la Révolution et a eu la bonne idée de le transformer en musée en 1791.



1 Joseph Ignace Guillotin (1738-1814), médecin et homme politique français. Il est connu pour avoir fait adopter, à la Révolution française, la guillotine comme mode unique d’exécution capitale.

2 Depuis l’abolition de la peine capitale en 1981, les guillotines ont été déposés à Marseille, au musée des Arts et traditions populaires et au musée national des prisons dans les sous-sols de l’ancienne prison de Fontainebleau.

3 Vendeuse de poisson au marché des Halles, tout près de l’Hôtel de Ville.

4 Garçon boulanger. Le roi, la reine et le dauphin, ainsi nommés par le peuple affamé de Paris.

5 Georges Eugène Haussmann (1809 -1891) , couramment appelé le « baron Haussmann », a été préfet de la Seine du 23 juin 1853 au 5 janvier 1870. À ce titre, il a dirigé les transformations de Paris sous le Second Empire en élaborant un vaste plan de rénovation.

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