Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №4/2010

Univers du français

Svetlana KACHTCHOUK

La promotion de la langue française à Kolomna

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Les enfants de la 2ème classe de l’enseignement du FLE renforcé donnent un petit concert en français aux plus grands élèves qui apprennent le français en LV2. École n°12, ville de Kolomna.

Si l’on en croit l’opinion générale, notre monde devient de plus en plus universalisé. Les gens des pays différents consomment de plus en plus les mêmes produits dans les mêmes supermarchés. On essaie de séduire les consommateurs par les mêmes publicités. Les enfants du monde entier sont privés des contes propres à tel ou tel pays et regardent les mêmes dessins animés. Peut-être, cette globalisation aidera les gens des nations différentes de se comprendre mieux, mais... Il y a toujours un « mais ». Malheureusement, nous ne pouvons plus parler aujourd’hui de la communication des cultures et des langues différentes. On doit reconnaître le fait qu’on commence à se comprendre uniquement à l’aide de la langue anglaise et de la culture anglo-saxonne. La Russie, elle aussi, est emportée par ce processus de l’« anglobalisation » et commence à oublier qu’en Europe, dont elle fait partie, on ne parle pas forcément anglais, mais français, espagnol, allemand, italien...

Cette politique de l’oubli du multilinguisme en Europe a de graves conséquences sur les établissements d'enseignement secondaire et supérieur russes. À l’école primaire, où on commence l’enseignement des langues étrangères, les parents luttent pour que cette langue soit absolument anglaise. Dans cette lutte acharnée, souvent aucun raisonnement n’est entendu. Par exemple, on oublie que l’Angleterre et les États-Unis sont bien éloignés de la Russie et ne font pas forcément partie de l’Europe. Les pays européens, tels que la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et d’autres sont beaucoup plus proches de la Russie géographiquement et spirituellement.

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Mme Svetlana Kachtchouk, professeur de français, et ses étudiants devant le Centre de ressources en français.

En ce qui concerne la France, c’est le pays avec lequel la Russie a toujours gardé les relations étroites et chaleureuses. Et c’est l’histoire de nos deux pays qui en donne un tas de preuve.

En réfléchissant à tous ces problèmes, mes collègues professeurs de français et moi, nous avons compris qu’aujourd’hui il faut bien résister pour que la langue française vive en Russie et notamment à Kolomna. Je voudrais bien adoucir le verbe « résister » en expliquant qu’on ne veut en aucun cas baisser le rôle important que jouent les autres langues, surtout l’anglais, dans le monde d’aujourd’hui. On veut tout simplement montrer qu’il est possible de remonter l’importance de la langue française dans la petite ville à une centaine de kilomètres de Moscou en s’appuyant sur la solidarité et l’enthousiasme des professeurs de français (Mme Kroupko Antonina, Mme Kachtchouk Svetlana, M. Sourkov Alexandre, Mme Cheremnikh Elena, Mlle Gordienko Nadejda) et l’encouragement et le soutien du Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’ambassade de France à Moscou.

Le « berceau » du français à Kolomna se trouve à l’Université pédagogique, à la faculté des langues étrangères, où l’on enseigne l’anglais, l’allemand, le français et le japonais. En plus de l’Université, le français est enseigné dans une dizaine d’écoles comme la première langue étrangère et dans quelques établissements scolaires comme la deuxième langue. Donc, nous avons les professeurs formés sur place et la base scolaire où ils vont travailler.

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Les étudiants du département de français de l’Université de Kolomna travaillent dans le Centre de ressources en français.

Bien sûr, nous éprouvons les mêmes difficultés que les autres enseignants de français, dont la plus grande est la résistance des parents des écoliers à l’enseignement du français dans les classes scolaires. Mais il y a toujours des solutions. Par exemple, nul ne peut nier l’attirance incroyable de la culture française pour nos compatriotes. En appuyant sur ce « point sensible » des habitants de la Russie, nous avons organisé, il y a quelques années, les réunions des parents d’élèves de l’école primaire, dont le but était d’expliquer l’importance du français dans le monde contemporain et l’avantage de l’enseignement précoce des langues étrangères en général. En résultat, nous avons eu l’accord des parents des 2èmes classes (les enfants de 8-9 ans) pour le commencement de l’enseignement du français dès la deuxième.

Aujourd’hui, on peut dire en toute certitude que notre expérience a eu du succès puisque quelques-uns des bacheliers de cette classe expérimentale ont achevé leurs études supérieures au département franco-anglais de notre Université. Une des élèves de cette classe expérimentale (Mme Boukina Lilia) travaille aujourd’hui comme professeur de français à l’école primaire où elle-même a commencé à apprendre le français à l’âge de 8 ans. D’autres anciens élèves de cette classe ont trouvé de bons postes de travail à des entreprises françaises implantées en Russie telles que Auchan, Danone, Renault.

De notre expérience de plus de dix ans, nous avons tiré deux conclusions essentielles pour la Russie (qui peuvent être utiles pour les autres pays) :

  1. la promotion du FLE doit être commencée par la coopération avec les parents d’élèves ;
  2. plus tôt on commence l’apprentissage du FLE, meilleurs sont les résultats.

Aujourd’hui, nous nous sentons plus forts face aux problèmes du choix des langues étrangères à l’école car notre travail prouve bien que le français n’est plus seulement la langue « du plaisir » mais il est devenu un bon outil pour l’assomption sociale et la réussite professionnelle.

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