Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №10/2010

Mon amie la langue française

Dmitri de KOCHKO

Visite de Dmitri Medvédev en France : partenariat stratégique

La visite d’État du président Dmitri Medvédev à Paris, début mars, a marqué un véritable tournant stratégique et économique dans les relations franco-russes et, au-delà, russo-européennes et sans doute russo-atlantique.

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Il semble qu’on a pour de bon cette fois ajouté aux mots gentils aussitôt oubliés et aux références communes à Pouchkine, Maupassant, Tchaïkovsky, Debussy et Normandie-Niémen, des décisions et des actes concrets.

On a retrouvé au cours de cette visite, qui inaugurait officiellement une Année croisée France-Russie, des accents amicaux de l’époque de l’alliance franco-russe du début du XXe siècle. Les deux chefs d’État ont souligné leur volonté d’en finir avec la guerre froide et d’instituer un climat de confiance permettant un « partenariat stratégique », visiblement mis à l’ordre du jour par les deux parties. Même les médias français, prompts à caricaturer et faire la leçon aux Russes, se sont montrés, cette fois, plus soucieux du fond.

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Des accords économiques, ayant une grande portée stratégique européenne, ont été signés ou discutés à l’occasion de la visite. GDF Suez a signé un protocole d'accord qui ouvre la voie à une prise de participation de 9 % dans le projet russe de gazoduc Nord Stream d’une valeur estimée à 7,4 milliards d’euros. Au-delà de la sécurisation de ravitaillement en gaz (et de garantie de clientèle pour le côté russe), cet investissement, qu’il faut rapprocher de celui à hauteur de 10 % annoncé précédemment par EDF dans le projet de gazoduc au sud (South stream par la mer Noire et la Bulgarie, concurrent du Nabucco par la Turquie), joue une relation normalisée avec la Russie, sans s’arrêter aux doléances des pays de transit qui se voient privés de royalties importantes et de moyens de pression sur la Russie et sur l’UE en dernière analyse.

En d’autres temps, dans une logique de guerre froide, on aurait mis en avant les arguments plus ou moins fondés des groupes d’intérêts hostiles au projet. En dépit des intérêts évidents des consommateurs ouest-européens qui devraient se voir garanti un approvisionnement sans une baisse des prix, grâce aux royalties économisées qu’ils payaient jusqu’à présent.

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Le groupe industriel Alstom a confirmé qu'il prendrait 25 % du constructeur de trains russes Transmashholding (TMH). Un investissement de départ de 75 millions de dollars. Ce sont les futurs TGV russes et transeuropéens qui se jouent là.

Enfin, les discussions ont avancé sur le contrat concernant 4 vaisseaux BPC de type Mistral. Ce serait la première vente de matériel militaire d’un pays de l’OTAN à la Russie. Cette vente probable augure bien d’une nouvelle vision stratégique de la sécurité de la « maison commune européenne », voire euro-atlantique.

Dans une tribune libre du Figaro le chef de l’administration présidentielle russe, M. Sergueï Narychkine, appelait à « dépasser définitivement des logiques révolues de guerre froide » grâce à un « traité sur la sécurité européenne » en concluant que « le climat favorable de la politique transatlantique actuelle et la consolidation des partenariats au sein du cadre Russie-UE-États-Unis offrent une occasion unique de repenser l’agenda euratlantique ».

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En écho, le président Sarkozy a affirmé avec force : « Nous voulons tourner la page de la guerre froide » et rappelé des faits rarement évoqués en France maintenant mais qui sont allés droit au cœur des Russes en disant la reconnaissance française pour les offensives russes qui ont sauvé la situation sur la Marne et à Verdun lors de la Ière Guerre mondiale et bien sûr les sacrifices de soldats russes lors de la Seconde, qui ont fait autant que le débarquement anglo-américain du 6 juin 1944.

De son côté, Dmitri Medvédev « plaît incontestablement aux Français », selon les mots de l’ambassadeur russe en France Alexandre Orlov à la Russie d’aujourd’hui. Sa femme Svetlana et lui parlent français, aiment Paris et connaissent bien la France. Lui est juriste et libéral, se montre compréhensif sur l’Iran et évite la langue de bois pour parler du système russe qu’il veut sincèrement moderniser et ouvrir.

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La France est le 6ème investisseur en Russie, et le 9ème partenaire commercial de ce pays, a-t-on souligné au cours de la visite du président Medvédev au Medef, accompagné d’une délégation de la plupart des grands patrons et oligarques russes. Mais les investissements français ont considérablement crû ces dernières années, atteignant 3,15 milliards d’euros de flux en 2008 et dépassant 10 milliards de dollars en stock aujourd’hui. Mais les échanges restent essentiellement le fait de grands groupes : GDF Suez, Total, EDF, Alstom, L’Oréal. Les PME des deux pays se risquent toujours aussi peu l’une chez l’autre. Le régime des visas, l’incertitude juridique et bureaucratique et la corruption en Russie font partie des obstacles que le président Medvédev a promis de combattre.


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