Главная страница «Первого сентября»Главная страница журнала «Французский язык»Содержание №11/2010

Arts et culture

Géraldine DUNBAR

Seule sur le Transsibérien

L’infini existe donc

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Géraldine Dunbar à l'école n°1286

Vers 21 heures 30, nous marquons un arrêt à Taïga, coquette gare verte et blanche. Une jeune femme corpulente nous rejoint, accompagnée d’une fillette. Elle a les bras solides, épaisses, avec des ongles larges légèrement noircis. Une paysanne. Ses cheveux noirs, attachés dans un chignon bas, brillent comme ses yeux ronds. Elle s’appelle Oksana. Je lui souris. Elle est effrayée. Je lui propose du chocolat.

– Niet, spassiba.

– Des petits-beurre ?

– Niet, spassiba.

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Super!

J’emploie alors les grands moyens. Je sors la carte du monde ! Nous passons ainsi des heures à contempler la Terre, à évoquer les pays, les mers et les océans. J’explique d’où je viens, où je vais... Macha, sa fille de huit ans, la tête couverte de tresses, me pose une question troublante : « Y a-t-il des dauphins à Paris ? Y a-t-il des palmiers ?»

Je n’ose pas lui dire que non.

Je lui apprends ses premiers mots de français et d’anglais : « Bonjour, merci, au revoir, ça va, je t’aime, bonheur ».

– Jamais ma grand-mère ne me croira lorsque je lui dirai que j’ai rencontré une vraie Française, dit-elle aussitôt d’un air triste.

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Géraldine avec les élèves russes

C’est là l’aspect le plus émouvant et le plus inattendu de ce voyage. J’ai parfois l’impression d’établir un petit pont avec les Sibériens. Mais ce pont est fragile.

Après cinq tasses de thé et 2 kilos de pain et de saucisse rose, de longues minutes paisibles s’écoulent, notre attention captivée par la lisière de la forêt, les ramées innombrables qui veillent sur nous. La force silencieuse de la nature est source d’une réelle jouissance. Le mouvement est grâce, et le temps un être qui enveloppe le voyageur de quiétude s’il sait l’écouter. Ta-ra-ta-taaa... ta-ra-ta-ta... J’aperçois des paysages dont je ne soupçonnais pas l’existence : des centaines de milliers de conifères gigantesques , des mélèzes et des sapins épais, serrés les uns contre les autres, sur des montagnes basses. Un océan d’arbres vert impérial qui ondule jusqu’à l’horizon, vers l’infini.

L’infini existe donc...

 

Tatiana JELEZNIAKOVA

Fiche pédagogique

VOCABULAIRE

infini (m) – бесконечность

corpulent – дородный, полный

rejoindre – присоединяться

épais – толстый, плотный

ongle (m) – ноготь

attacher – завязывать, привязывать

effrayé – испуганный

petit-beurre (m) – сухое печенье

moyen (m) – средство

contempler – созерцать

évoquer – вызывать в памяти, в представлении, вспоминать

tresse (f) – коса

troublant – смущающий, волнующий

dauphin (m) – дельфин

oser – осмеливаться

aussitôt – тотчас же

aspect (m) – сторона, аспект

émouvant – волнующий, трогательный

établir – устанавливать

fragile – хрупкий

saucisse (f) – сосиска

paisible – мирный, спокойный, тихий

s’écouler – течь, миновать

captiver – брать в плен, покорять, пленять

lisière (f) – опушка леса

ramée (f) – крона дерева, навес из ветвей, сень

veiller – бодрствовать, наблюдать за кем-то, заботиться

jouissance (f) – наслаждение

grâce (f) – благодать

envelopper – окутывать

quiétude (f) – покой, тишина

soupçonner – подозревать

conifère (m) – хвойное дерево

mélèze (m) – лиственница

impérial – величественный, царский

onduler – волноваться, колыхаться

 

QUESTIONS :

  1. Savez-vous où se trouve la station Taïga ? Cherchez-la sur la carte.
  2. Décrivez les personnages qui entrent dans le compartiment de Géraldine.
  3. La Française, comment les décrit-elle ? A quoi fait-elle attention ? Pourquoi ?
  4. Géraldine cherche la mythique « âme russe » dans les profondeurs de la Sibérie. Qu’est-ce qu’il y a de typiquement russe dans cette Sibérienne et sa fille ?
  5. Pourquoi Géraldine fait la transcription des mots russes en français au lieu de les traduire ?
  6. Pourquoi en parlant de l’écrivain nous l’appelons « Géraldine » et non pas « Géraldine Dunbar » ? Pourquoi cette familiarité est-elle possible ?
  7. Est-ce facile d’entamer une conversation avec les nouvelles venues ? Pourquoi ?
  8. Quels moyens emploie Géraldine pour être plus proche de ses compagnons de route ?
  9. L’étude de la carte géographique, pourquoi c’est un « grand moyen » ?
  10. Et vous, est-ce que vous aimez « voyager sur la carte » ?
  11. Est-ce que vous pouvez « passer des heures à contempler la Terre, à évoquer les pays, les mers et les océans » ? Pourquoi ?
  12. « Jamais ma grand-mère ne me croira lorsque je lui dirai que j’ai rencontré une vraie Française » . Commentez cette phrase et expliquez la tristesse de la jeune fille .
  13. « C’est là l’aspect le plus émouvant et le plus inattendu de ce voyage. J’ai parfois l’impression d’établir un petit pont avec les Sibériens . Mais ce pont est fragile ». Commentez ces mots de Géraldine, ses sentiments, ses conclusions, l’image d’un « pont fragile » qu’elle crée.
  14. « Après cinq tasses de thé et 2 kilos de pain et de saucisse rose ...» A quoi bon ce détail ici ? Qu’est-ce que cela ajoute à l’ambience, à l’image des russes, à l’image du voyage sur le Transsibérien ?
  15. Parlez du paysage sibérien que voient les voyageurs à travers les vitres.
  16. Nature, mouvement, temps – comment se conjuguent-ils dans la sensation et l’imagination de l’écrivain ?
  17. Est-ce que vous avez vu la taïga ? Est-ce que vous voulez la voir ? Pourquoi ?
  18. Dans la description faite par Géraldine, des détails prosaïques et des détails poétiques, comment se marient-ils ? Quelles parties de discours se rencontrent plus souvent dans la description – noms, verbes, adjectifs ? Comment l’expliquez-vous ? Est-ce qu’il y a des verbes qui expriment réellement le mouvement ?
    Comment alors le mouvement en avant sur le Transsibérien se transforme-t-il en une éternité, un infini.
  19. L’infini existe donc ?

(à suivre)

Photos : Tatiana JELEZNIAKOVA

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